Médicaments : la grande pagaille

En France, la dépense moyenne en médicaments par an et par personne est de 487 euros. Ce chiffre recouvre des disparités, puisque ce sont surtout les personnes âgées et celles atteintes de maladies graves qui en prennent le plus. Si certains patients en consomment trop ou à mauvais escient, d’autres sont à l’inverse victimes de pénurie et ne peuvent pas accéder à des traitements essentiels à leur santé. La Caisse d’assurance-maladie, qui rembourse les médicaments à hauteur de 77 %, – les mutuelles complétant – et les autorités compétentes tentent d’imposer des règles, notamment sur le bon usage du médicament et des génériques. Mais cette moralisation semble dérisoire face à une industrie mondialisée livrée au marché. La crise de la Covid-19 et les risques qu’elle a entraînés sur la sécurité sanitaire ont montré combien il était urgent de changer de politique, peut-être en relocalisant une partie de la production, comme le réclament de plus en plus d’élus ou d’experts, et en instaurant des instances de régulation au niveau européen. Une meilleure politique de prévention, en particulier en matière de santé mentale, permettrait également de changer la donne. Une pénurie aux conséquences dramatiques La France est confrontée à des pénuries massives de médicaments, que la Covid-19 a encore aggravées. Elles concernent le monde entier et ont été reconnues par l’Organisation mondiale de la santé comme un défi majeur.En France, le seul indicateur qui les mesure est la déclaration obligatoire à l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm). Elle oblige les industriels à rendre publiques les ruptures d’approvisionnement ou de stock des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (Mitm). De 404 en 2013, leur nombre est passé à 1 499 en 2019.Et il risque de monter avec la crise sanitaire. Les antibactériens, les vaccins et les antiviraux sont les premiers concernés. Manquent aussi les corticoïdes, les traitements pour la sclérose en plaques… En octobre 2018, un collectif de patients atteints de la maladie de Parkinson lançait un appel pour dénoncer le manque d’un médicament diminuant les tremblements. La cancérologie très impactéeEn 2017, parmi les traitements signalés à l’Ansm, 22 % concernaient la cancérologie. La même année, l’Institut national du cancer estimait qu’une quarantaine de médicaments essentiels en cancérologie avaient manqué et soulignait le risque de perte de chance pour les malades, l’absence de traitement de substitution entraînant des risques de récidive ou conduisant à des chirurgies mutilantes. Il signalait que certains traitements substitutifs s’avéraient moins efficaces que la spécialité indisponible. Ce constat a poussé la Ligue contre le cancer à mener une étude en 2019 auprès des professionnels de santé. 45 % indiquaient de fréquentes pénuries pour les chimiothérapies injectables ; 36 % pour les chimio orales ; 64 % pour les médicaments contre les effets indésirables. 70 % des professionnels qui y étaient confrontés déploraient ne pas savoir clairement à qui s’adresser pour recueillir des informations. Cette situation les laisse démunis face aux questions de leurs patients et contrevient à la loi de 2002 relative aux droits des usagers, qui stipule que les

...

Ce contenu est réservé aux abonnés ou aux adhérents de la mutuelle.
Vous pouvez trouver le code d'accès dans l'édition papier de Viva Magazine, en bas de page dans le cahier central. Aperçu magazine


Veuillez vous identifier pour afficher l'article.

Connexion pour les abonnés ou les adhérents