Le dioxyde de titane n’est toujours pas interdit dans les médicaments

Alors que dioxyde de titane est suspecté d’être cancérogène, cet additif est toujours présent dans de nombreux médicaments, notamment ceux du quotidien vendus sans ordonnance, comme le Spasfon, le Doliprane, l’Imodium, ou le Nurofen… ©123RF

Le dioxyde de titane se trouve de nouveau sur le devant de la scène. Alors qu’il est interdit dans l’alimentation depuis 2020 en France, et depuis 2022 en Europe, il est toujours présent dans les médicaments. Pourquoi ?

Le dioxyde de titane (TiO2) est un excipient (E171) qui entre dans la formulation de nombreuses spécialités pharmaceutiques, les dentifrices ou le maquillage. Or, de nombreuses études scientifiques ont conclu à sa dangerosité sur la santé. Son maintien dans la composition de médicaments et de certains produits d’hygiène est une incompréhension.

Pas de principe de précaution appliqué à l’industrie pharmaceutique ?

Pas facile de faire plier l’industrie pharmaceutique. Même si la liste des effets indésirables liés à l’ingestion de (TiO2) est préoccupante. Les dernières études de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) font état de risques pour le fois, les reins, le microbiote intestinal… Alors pourquoi le principe de précaution n’a-t-il pas été étendu à l’industrie pharmaceutique ?

Il y a urgence à s’intéresser au dosage du (TiO2) chez les patients chroniques pour savoir à quoi ils sont exposés.

L’association Avicenn

Les arguments des industriels de la pharmacie

Les industriels souhaitent maintenir cet excipient parce qu’il rend les médicaments « plus blancs et plus brillants ». D’autre part, le (TiO2) a des qualités photoprotectrices qui facilitent la conservation des médicaments photosensibles. De plus, il n’y a pas aujourd’hui de solution alternative fiable. Son remplacement poserait un sérieux problème sur le plan industriel, d’après les professionnels de la pharmacie.

Car on estime à plus de dix ans le temps nécessaire pour mener à bien le processus qui conduirait à sa disparition du portefeuille des médicament concernés. Dernier argument avancé : le (TiO2) est présent en faible quantité dans les produits.

Quelles solutions ?

Une réponse viendrait du côté de l’Union européenne (UE). Dans son règlement qui supprime l’excipient dans les denrées alimentaires, la Commission européenne a fixé un ultimatum aux laboratoires pharmaceutiques en leur demandant de faire des efforts pour remplacer au plus vite le dioxyde de titane. L’Agence européenne des médicaments (EMA) doit rendre prochainement un rapport d’évaluation. Ensuite, la Commission européenne aura jusqu’en 2025 pour se prononcer. Du temps de perdu pour les consommateurs et les malades.

Une question de volonté politique

Pour l’association Avicenn, qui lutte pour plus de transparence dans les nanoparticules, tout est pourtant une question de volonté politique. Mais sur le front des médicaments, la volonté politique se joue surtout à l’échelle européenne et non nationale, comme cela a pu être le cas dans l’alimentation.
« Il y a urgence à s’intéresser au dosage du (TiO2) chez les patients chroniques pour savoir à quoi ils sont exposés, faire une estimation des risques » et de disposer d’une « liste des médicaments en remplacement pour les pharmaciens et les consommateurs », prévient l’association.