Médiation animale : Rimbaud, l’atout zen des patients Alzheimer

Médiation animale
Séance de brossage pour le golden retriever, dont la présence calme les angoisses des pensionnaires. © Marguerite Castel

A Guilers dans le Finistère, l’Ehpad Les Petits Pas accueille un chien d’accompagnement social depuis janvier 2022. Au quotidien, Rimbaud stimule l’activité cérébrale et les déplacements des résidents. La médiation animale apaise aussi les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs.

Il est 10 heures, ce matin-là, dans les couloirs de la résidence Les Petits Pas, gérée par Alv’Heol (qui propose aussi un centre dentaire à Concarneau), partenaire de Mutami. Le docteur Bénédicte Manceau, gériatre, accomplit sa tournée des chambres, le stéthoscope en main. 

A ses côtés, le chien Rimbaud avance avec entrain. Ils entrent dans la chambre de René, 86 ans, qui se lève de joie. La visite quotidienne du golden retriever est pour lui l’occasion de jouer, de cajoler et de rire.

Changement d’étage, arrivée dans la chambre de Marie, 91 ans, qui est allongée dans son lit, le moral en berne. Rimbaud la reconnaît et s’installe confortablement à ses côtés. La « calinothérapie » fait effet : le visage de Marie se détend en quelques minutes. Instinctivement, elle pose sa main sur le pelage beige-doré de l’animal. L’examen clinique peut commencer en toute sérénité.

Apaise l’anxiété, stimule la mobilité

« Rimbaud m’accompagne tous les matins. Il rassure, fait diversion au geste médical. Les effets sont bénéfiques sur la stimulation et l’humeur des résidents, assure le médecin. Il apporte un peu plus de légèreté à ma pratique car c’est une population difficile, dépendante, à polypathologies. »

Bénédicte Manceau s’est intéressée et formée à la médiation animale après avoir lu une étude (Geriatr Psychol Nuropsychiatr Vieil, vol 19, septembre 2021) qui souligne son intérêt dans la prise en charge d’Alzheimer et des maladies apparentées (lire aussi notre dossier pages 6 à 11). Une expérience, menée à Colmar auprès de 26 patients d’un âge moyen de 85,4 ans, a par exemple montré une réduction relative de 30 % de leur agitation (score de Cohen-Mansfield). « C’est une intervention non médicamenteuse intéressante et efficace », commente la gériatre. 

Le témoignage des aides-soignantes va dans le même sens. « Le chien motive les pensionnaires à se mettre debout, à se déplacer, à s’amuser en atelier multisensoriel. On travaille dans une ambiance beaucoup plus détendue », précisent Gwenola et Cathy,  ajoutant que le chien favorise aussi la cohésion de l’équipe soignante. 

La tournée se poursuit auprès de Francine, 98 ans. Alitée, elle respire à renfort d’oxygène et semble fatiguée. Mais elle reconnaît le chien qui s’empresse de la dorloter et lui procure un élan de vitalité. 

Trente kilos de bonheur

« Rimbaud donne de l’affection sans juger, c’est 30 kilos de bonheur », assure le médecin, qui en profite pour prendre la tension de sa patiente. Retour par la salle d’activités. Les résidents font des jeux de société ou papotent. « Yves, vous venez brosser Rimbaud ? », propose le docteur Manceau à l’octogénaire, qui hésite puis accepte.

Cette séance de brossage permet à Yves de s’exprimer plus aisément, de calmer ses angoisses, de se concentrer. Il repense à Rex, un chien dont il a pris soin durant la guerre d’Algérie. « Cette réminiscence est positive », constate la gériatre en se réjouissant de tant de bénéfices. Au total, 70 chiens formés à l’accompagnement social par l’association Handi’chiens sont en activité en Ehpad en France, dont 13 en Bretagne (deux dans le Finistère).  

MARGUERITE CASTEL