Lisa Ribeaud : « Notre finalité est de faire de la santé un véritable droit pour tous »

Mutuelle de France
Lisa Ribeaud, secrétaire générale de Solimut Mutuelle de France. © Cyril Entzmann / Divergence

L’assemblée générale de Solimut Mutuelle de France s’est tenue le 21 juin à Marseille. L’occasion pour sa secrétaire générale, Lisa Ribeaud, de dresser le bilan de l’exercice 2023-2024 et de confirmer l’orientation militante de la mutuelle.

Quel regard portez-vous sur l’année écoulée ?

Lisa Ribeaud : Elle s’est déroulée dans un contexte difficile, marqué par des reculs sociaux significatifs, je pense par exemple à la loi asile et immigration promulguée en janvier, et une violence croissante dans la société. Pour nous, la période a été compliquée car nous avons dû faire face à de nouveaux transferts de charges de la Sécurité sociale vers les mutuelles, soit 500 millions d’euros au total, sans aucune concertation.

Malgré ce contexte, Solimut Mutuelle de France n’a pas cédé à la résignation et a continué à mettre en place de nombreuses actions pour lutter contre les inégalités en santé. Finalement, la force du mouvement mutualiste est de réussir à prendre en compte les nouveaux défis sans se laisser détourner de sa finalité : faire de la santé un véritable droit pour tous.

Malgré ce contexte particulier, la mutuelle est tout de même parvenue à atteindre l’équilibre économique…

L. R. : Ce retour à l’équilibre économique est le résultat d’un plan de redressement de long terme engagé par la mutuelle. C’est le fruit du travail de ses équipes salariées et de ses élus. Nous sommes satisfaits, mais nous restons vigilants, notamment parce que nous avons de fortes incertitudes concernant l’avenir de notre pays. Et je rappelle que ces dernières années, les choix politiques ont toujours été faits en défaveur du mouvement mutualiste et de la sécurité sociale dans son ensemble.  

© France Keyser

Quelles sont vos principales actions pour le droit à la santé de vos adhérents ?

L. R. : Elles sont de plusieurs natures. La mutuelle a développé une approche la plus globale possible avec des actions de plaidoyer politique et de prévention sur le terrain. Nous avons reconduit la campagne « Pas de taxe sur ma santé », dans laquelle nous encourageons les adhérents à interpeller leurs parlementaires et le président de la République pour leur demander de supprimer les taxes appliquées aux complémentaires santé.

Parallèlement, comme je le disais, nous avons poursuivi nos actions de prévention avec, par exemple, l’organisation, en Saône-et-Loire, de ciné-débats autour des maladies neurodégénératives et la tenue d’un forum, à Nice, dans le cadre de la Journée des 1 000 premiers jours de l’enfant. Nous avons également continué notre travail sur l’accès à l’alimentation avec des ateliers de cuisine équilibrée, la diffusion de paniers de légumes locaux à moindre coût et des collectes avec le Secours populaire. Enfin, la mutuelle a aussi proposé des sessions de dépistage de l’hypertension et du diabète, en Isère, en collaboration avec Oxance.

Le concert au profit de SOS Méditerranée qui a eu lieu l’an passé sera-t-il reconduit ?

L. R. : Ce concert porté par les Mutuelles de France a rassemblé 8 000 spectateurs et a permis de récolter 110 000 euros, ce qui représente une semaine de sauvetage en mer pour notre partenaire SOS Méditerranée. Cet événement nous a permis de donner une nouvelle dimension à ce partenariat de longue date.

Même dans un cadre budgétaire contraint, la mutuelle parvient à faire de belles choses, valorisantes pour son image, utiles pour ses partenaires et accessibles au plus grand nombre. Le concert sera donc reconduit le 5 octobre au Dock-des-Suds à Marseille, et s’inscrit plus largement dans une volonté d’incarnation de nos valeurs solidaires à travers la valorisation de tous nos partenariats, que ce soit SOS Méditerranée, le Tour de l’Ain ou le Mondial La Marseillaise à pétanque.

La mutuelle s’est jointe aux Mutuelles de France pour faire barrage au RN. Quel est votre sentiment aujourd’hui ?

L. R. : Le fait que le Rassemblement national n’ait pas obtenu la majorité à l’Assemblée nationale est une très bonne chose. Dans les pays où l’extrême droite est au pouvoir, le tissu associatif et la société civile ont été détricotés et des mesures prises pour restreindre les droits des étrangers et des femmes.

En France, le Rassemblement national a voté contre la constitutionnalisation de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. En matière de protection sociale, il souhaite appliquer la préférence nationale plutôt que la solidarité et baisser les cotisations sociales et patronales qui financent les droits sociaux. Tout cela est contraire à nos valeurs.

Nous sommes donc soulagés même si, on le voit bien, les idées de l’extrême droite se sont fortement installées dans notre pays. En tant que mutualistes et citoyens, nous avons une grosse responsabilité pour montrer qu’une autre alternative est possible. 


Militants mutualistes : Pourquoi ils s’engagent ?

Militer au sein de la mutuelle, c’est à la fois être au plus près des attentes des adhérents, mener des actions de prévention et défendre l’accès aux soins.

« Je suis mutualiste depuis vingt ans et président de la 525e Mutuelle, dont le siège se trouve près de Lyon. J’ai décidé de devenir administrateur de Solimut en raison des liens étroits qu’entretiennent nos mutuelles. Nous avons les mêmes valeurs humanistes et la même volonté de lutter contre les inégalités d’accès aux soins. Ce qui me motive dans le militantisme, c’est le lien que l’on crée avec les gens, la lutte pour ses convictions. Il faut continuer à croire en la solidarité, même si c’est une notion qui disparaît un peu, surtout ces derniers temps. »

LIONEL DE ALMEIDA 
Administrateur nouvellement élu


« Militante dans l’âme, j’ai été présidente de la Mutuelle de France Sud CH Montperrin pendant près de vingt ans. Aujourd’hui, j’ai atteint la limite d’âge imposée et, en l’absence de successeur, il était temps d’ouvrir une nouvelle page en fusionnant avec Solimut, une mutuelle dont je suis en outre administratrice. Nous partageons les mêmes vaeurs de solidarité, de libérté et de démocratie. A ses côtés, je vais continuer à m’engager pour l’accès aux soins de tous avec un intérêt tout particulier pour encourager la mobilisation des jeunes. »

MIREILLE SOLEILHAVOUP 
Administratrice depuis six ans

« Militant mutualiste depuis 2013, les questions de santé m’ont toujours intéressé. Après un passage à la Fédération des Mutuelles de France, j’ai souhaité devenir administrateur de Solimut parce que cette mutuelle porte des valeurs humanistes, de solidarité, d’entraide et de progrès social qui me parlent. J’apprécie son dynamisme, je suis sensible à son histoire et aux actions qu’elle mène en partenariat avec le Secours populaire ou SOS Méditerranée. Je me suis dit que c’était le bon endroit pour continuer à m’engager. »

ANNAËL LOMBE
Administrateur nouvellement élu

(Photos France Keyser)