Quatre candidats à la présidentielle ont participé au « grand oral » sur la santé organisé par la Mutualité Française mardi 1er mars 2022 à Paris. Chacun leur tour, sur la scène de l’amphithéâtre du Palais Brongniart, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Valérie Pécresse ont exposé leur programme sur la santé et la protection sociale. Retrouvez les temps forts de la matinée.
Sept minutes pour convaincre. Chaque candidat disposait d’un temps de parole limité pour présenter son programme en matière de santé. Puis venait, pour chacun, le temps des questions. A tour de rôle, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Valérie Pécresse se sont prêtés à l’exercice. Seuls quatre candidats ont en effet répondu à l’invitation de la Mutualité Française pour un « grand oral » de la santé mardi 1er mars 2022 à Paris. Mais l’objectif principal de la FNMF a été atteint. Pour Eric Chenut, président de la fédération, « ce moment démocratique » a en effet été très utile car il a permis de « nourrir le débat public ».
Tous ont déploré la dégradation du système de soins français. En soulevant souvent les mêmes problématiques : hôpital public, déserts médicaux, recherche scientifique… Quelles sont leurs propositions ? Comment ont-ils argumenté leurs démonstrations ?
La santé au cœur des préoccupations des Français
Selon un sondage commandé par la Mutualité Française et dévoilé à l’occasion de cette matinée, 66 % de la population considère que les candidats à la présidentielle n’ont pas assez parlé de santé. Alors que d’après cette même enquête, conduite par Harris Interactive, « la santé et la dépendance figurent parmi les principales sources de préoccupations pour plus de deux Français sur trois ».
Ce qu’illustre Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) : « Avec la pandémie et son cortège de drames humains, la santé est redevenue un sujet de politique publique. Un sujet majeur de débat public. »
La dégradation du système de santé français
Concernant la dégradation du système de soins et les inégalités d’accès à la santé, l’ensemble des candidats sont unanimes. Chacun d’eux a commencé sa présentation par ce constat alarmant.
Valérie Pécresse, candidate des Républicains, alerte : « Cinq millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Nous avons un recul des soins, un recul des délais. Le système de santé est en grande souffrance. »
Même évaluation de la part de Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste : « Aujourd’hui notre santé est mise à mal. Or une société ne peut pas fonctionner, ne peut pas aller vers sa prospérité et sa cohésion et donc vers la paix, s’il n’y a pas de prise en charge, de sécurité donnée aux concitoyens sur une égalité d’accès aux soins. »
Fabien Roussel, candidat du Parti communiste, ne dit pas autre chose : « L’hôpital public s’affaiblit au nom de visions comptables mises en place depuis plus de trente ans et qui nous mettent en danger collectivement. Les inégalités sociales de santé se creusent. »
Un constat unanime sur les déserts médicaux
Concernant le manque criant de médecins, les propos sont là aussi unanimes. Si Yannick Jadot insiste pour remettre la santé au cœur des territoires, Valérie Pécresse rappelle que les déserts médicaux se sont installés « dans les territoires ruraux, les quartiers populaires et les centres-villes de certaines grandes métropoles ». Pour elle, la solution est de « partir de la demande des territoires en donnant la présidence des agences régionales de santé aux régions et en faisant des départements le pilier de la médecine ».
Anne Hidalgo veut elle aussi s’attaquer aux déserts médicaux. Elle veut former 15 000 médecins par an avec une mesure d’urgence en demandant aux jeunes en quatrième année d’internat d’aller dans ces déserts avec une rémunération à 3 500 euros dès 2022.
Fabien Roussel, quant à lui, veut « donner envie aux jeunes de s’installer » dans ces territoires abandonnés en respectant leurs attentes : temps de travail, vie personnelle…
L’hôpital public, une priorité
Anne Hidalgo et Yannick Jadot proposent de ne plus financer l’hôpital public à partir d’un Ondam (objectif national de dépenses d’assurance maladie) et de la tarification à l’acte.
Pour le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts, « il faut remettre l’hôpital public au cœur de notre politique de santé, et en état. Pendant plusieurs quinquennats, l’hôpital public était considéré comme une entreprise qui devait être rentable ». Il est temps d’arrêter avec ça. Il propose le recrutement de 100 000 postes d’infirmières et infirmiers.
Pour la candidate socialiste, « aujourd’hui, les fondamentaux sont atteints, notamment dans les hôpitaux. Depuis cinq ans, on assiste à des visions ultra libérales. L’hôpital n’est pas le service public qui est réservé à ceux qui ne peuvent se payer le privé. Nous ne pouvons pas nous passer des services publics de qualité. Il faut un système de financement nouveau. Au moment de la loi de finances, on attribuera les moyens à la santé de fonctionner ».
La candidate des Républicains propose quant à elle une meilleure rémunération des médecins… mais par les malades.
La prévention au cœur du système de santé
Pour tous, le financement et l’organisation du système de santé doit être revu.
Anne Hidalgo veut que notre pays passe à une nouvelle politique de santé publique. « Le vieillissement en bonne santé est de 73 ans pour les Suédois et de 65 ans pour les Français. Cela passe par une politique de santé mettant en avant sport et prévention. »
Pour Yannick Jadot, « La santé environnementale est au cœur de notre projet de santé. C’est sortir du déni, c’est travailler à l’exposition, y compris aux cocktails de polluants. Jusque-là, nous sommes dans une politique de soins, il faut donner toute sa place à la prévention qui ne représente que 1,8 % de notre budget santé aujourd’hui. »
Valérie Pécresse veut, quant à elle, « faire la révolution de la prévention pour gagner trois ans d’espérance de vie dans les dix prochaines années. »
Marchandisation de la santé
Le candidat communiste a vilipendé la « vision comptable » de la santé, qui place les personnels soignants « en grande souffrance ». Il a déploré une « santé de plus en plus marchandisée, avec des profits immenses jusqu’aux Ehpad », qu’il propose de sortir de cette gestion lucrative.
Accueillis par la Mutualité, les candidats ont salué son travail, notamment Fabien Roussel qui rappelait qu’il s’agit du plus grand mouvement social qui protège 35 millions de personnes. « Un mouvement qui a souffert ces dernières années du désengagement de la Sécu, des dépassements d’honoraires, des taxes qui n’ont fait que renchérir le coût pour les adhérents ». Yannick Jadot rappelait lui le rôle majeur joué par la Mutualité autour de l’accompagnement, de la prévention, de la relation aux Français.
Les sujets sont connus, reste à choisir aujourd’hui la meilleure réponse…
Capucine Bordet et François Fillon