Les Quincados ou l’art de bien vieillir

Qui sont les Quincados ? Décryptage avec le sociologue Serge Guérin, à l’occasion de la sortie de son livre.

Se faire traiter de « senior » à partir de 45 ou 50 ans, c’est non ! Pas plus que de jouer au « vieux qui fait jeune », mais au contraire de rester jeune dans sa tête, profiter de la vie, voilà en substance la définition des « quincados », une façon de vieillir en toute liberté. Serge Guérin, sociologue, s’est emparé du terme, apparu en 2013, dans une étude réalisée par l’institut de sondage Ipsos, pour en expliquer les contours dans son livre, les Quincados.

Quincado : un état d’esprit

Ils ont entre 45 et 65 ans et se sentent encore en forme, bien dans leur peau et dans leur tête, sans pour cela nier les effets du temps. Ils ont encore envie d’en croquer, ce sont les quincados. « Il n’est pas calmé. Il a gardé son âme d’enfant, d’adolescent. Il a envie de surprise, de découverte, d’innovation », explique Serge Guérin, qui ajoute que « les quincados ne se reconnaissent pas dans le vocable de “senior”, qui va de 45 à 115 ans, et s’assument tels qu’ils sont ».

Quel est le profil du quincado ?

« C’est d’abord une femme ! décrit le sociologue. Ce sont elles qui se sont le plus libérées des carcans ces dernières années. » Terminé, les ménopausées ronchonnes et acariâtres et vive la femme épanouie qui s’assume. « Le quincado est aussi un homme qui dit « Je suis vivant, encore jeune mais avec de l’expérience en plus  » ! Mais surtout, ce qui unit les quincados est le fait de croire encore en ses rêves, c’est en cela qu’ils ressemblent aux ados. » Pas question de faire du jeunisme, mais plutôt de vivre une nouvelle vie pleinement assumée. Avec l’allongement de l’espérance de vie, l’âge a tout simplement… rajeuni !

« J’ai coché toutes les cases, se dit le quincado, les études pour faire plaisir aux parents, la case mariage, enfants, maintenant, je VIS ! » Un égoïste le quincado ? « Pas du tout, rétorque Serge Guérin, il est très proche de ses enfants (pas question de compétition entre eux) et assume ses parents vieillissants (ce sont souvent des aidants), c’est la génération pivot ».

Les quincados, des « tendanceurs » ?

Ces quinquas et sexas nouvelle génération contribuent à faire évoluer la société. Ils ne vivent pas dans leurs rêves, encore moins dans le passé, ils sont dans leur époque. « En cela ils peuvent devenir des « tendanceurs », c’est-à-dire une catégorie qui peut réinventer le regard que nous avons sur l’âge. D’ailleurs, par leurs actions, leurs engagements (notamment pour l’écologie, souvent aux côtés de leurs enfants), « ils font déjà bouger les lignes et obligent les autres à changer le regard que la société porte sur les plus âgés », conclut le sociologue.

Les Quincados, de Serge Guérin, éd. Calmann Levy, 17 euros.