Le sexisme, toujours d’actualité en France

Symbole masculin en haut, symbole féminin en bas
Le sexisme est bien ancré en France 123RF©

Le sexisme s’aggrave en France, et ce dans toutes les sphères de la vie publique, telle est la conclusion du dernier rapport du Haut conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Non, le sexisme ne recule pas en France. Pire, il s’aggrave, surtout dans ses manifestations les plus violentes et chez les jeunes générations.

93 % des Français estiment que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même façon

Rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes.

Le 5ème rapport sur l’état du sexisme en France, qui vient d’être publié, est sans appel. Il dénonce une « situation alarmante » sur les comportements sexistes, dans toutes les sphères de la vie publique, et surtout chez les hommes de moins de 35 ans. Cinq ans après le mouvement #MeToo

Le mouvement #MeToo a ouvert la voie, partout dans le monde, à la dénonciation des violences sexistes et sexuelles commises contre les femmes.

Les chiffres noirs du sexisme en France


Le rapport publie des chiffres qui font froid dans le dos.

80% des femmes ont la sensation d’avoir déjà été victimes de sexisme.
41% des jeunes femmes déclarent avoir vécu des situations inégalitaires à l’école ou durant leurs études.
33% des femmes ont vécu une « situation de non-consentement ».
15% des femmes ont déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire.
23% des jeunes hommes considèrent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.
9 femmes sur 10 adoptent des « conduites d’évitement » pour éviter des actes sexistes.

Pourquoi ?

Le rapport donne quelques explications sur ce retour en force du sexisme dans la société française. Le mouvement MeToo a créé un véritable séisme et certains hommes se sont sentis atteints dans leur virilité. Un mouvement de résistance s’exprime sur tous les sujets qui touchent les droits des femmes.

Sur France Info, les sénatrices et autrices* du rapport dénonçant « l’enfer » du porno, notent que « le porno véhicule des représentations sexistes et colonise les cerveaux des consommateurs. Il diffuse des images violentes, avilissantes, de domination à l’encontre des femmes, d’une sexualité extrêmement sexiste, où les femmes ne sont pas les égales des hommes. Quelle liberté fondamentale justifierait qu’on continue à laisser nos sociétés en proie au porno ? On est au clair sur l’apologie du terrorisme, on doit être au clair sur l’apologie du sexisme ».

*Annick Billon (centriste), Laurence Rossignol (PS), Alexandra Borchio Fontimp (LR) et Laurence Cohen (communiste).

Lutter contre le sexisme

Et pourtant, les mobilisations sont nombreuses pour l’égalité et contre le sexisme et le débat public y fait souvent référence. Cela ne suffit-il pas ? Le rapport du Haut conseil propose de s’attaquer au problème dès le plus jeune âge, à l’école notamment. D’autre part, il faudrait instaurer une obligation de résultat pour l’application de la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective. Cette loi, votée en 2001 rend obligatoire l’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées. Trois séances annuelles sont prévues. Peu d’établissements les mettent en place.

25 % des écoles, 11 % des lycées et 4 % des collèges déclarent n’avoir dispensé aucune de ces séances.

Rapport du HCE de 2016.

Les contenus, notamment pornographiques, des diffusions numériques, devraient être mieux régulés, préconisent également les auteurs du rapport du Haut conseil à l’Egalité.

Elisabeth Borne, la Première ministre, a annoncé, lors de ses vœux à la presse, réunir un comité interministériel en mars, sur le sujet du sexisme. Elle a d’ores et déjà instauré une Journée nationale contre le sexisme le 25 janvier.