Le mercredi 20 novembre, le gouvernement a annoncé des mesures pour répondre à la crise de l’hôpital public destiné à lui « redonner de l’oxygène » Présenté comme un « plan d’urgence », celui ci n’est pas à la hauteur des enjeux pour de nombreux acteurs du secteur.
Agnès Buzyn avait déjà tenté de mettre fin à la colère des personnels mobilisés dès mars dernier avec les premières qui avaient gagné 268 services en France. Elle avait proposé une première prime de 100 euros mensuels en juillet dernier pour les paramédicaux travaillant dans les services d’urgence, et un pacte de refondation des urgences de 750 millions d’euros sur trois ans obtenu. Mais on était bien loin du compte.
Le Plan prévoit un financement supplémentaire de 1,5 milliard d’euros sur trois ans, la reprise par l’Etat sur trois ans et dès 2020 d’un tiers de la dette hospitalière (elle atteint 30 milliards d’euros) à hauteur de 10 milliards et une série de nouvelles primes. Ce programme sera mis en place dans le cadre d’une loi spécifique en parallèle de la loi de programmation des finances publiques. Dans ses annonces, le gouvernement prévoit en outre un plan d’investissement de 150 millions d’euros pour l’achat de matériel et la « rénovation légère » du bâti hospitalier.
L’Ondam hospitalier quant à lui passerait de 2,1 % à 2,4 %.
Pour soulager des « métiers en tension », Matignon prévoit une série de hausses de primes. En premier lieu, la prime d’engagement dans la carrière hospitalière, qui concerne les médecins et les paramédicaux va être revalorisée afin d’attirer les personnels en pénurie comme les infirmiers spécialisés ou les manipulateurs radio. Pour les médecins praticiens hospitaliers, les quatre premiers échelons seront fusionnés « afin d’accélérer l’entrée dans la carrière ».
Pour les 40 000 infirmiers et aides-soignants de la région parisienne dont les revenus sont inférieurs à 1 900 euros par mois et ont du mal à se loger, le gouvernement prévoit d’attribuer « de façon pérenne » une prime annuelle de 800 euros.
Afin de « mieux reconnaître les efforts de chacun », l’Etat va donner aux hôpitaux des enveloppes afin que les établissements choisissent, « pour récompenser l’engagement et l’investissement des personnels », de donner une prime annuelle d’environ 300 euros. Elle pourrait concerner jusqu’à 600 000 personnes, selon le plan du gouvernement.
Enfin, les aides-soignants qui exercent auprès de personnes âgées et qui ont acquis une compétence spécifique en gériatrie pourront bénéficier dès 2020 d’une prime de 100 euros nets mensuels.
Agnès Buzyn souhaite aussi « mettre fin » au « mercenariat » de l’intérim médical qui coûte une fortune à l’hôpital par un renforcement des contrôles, et un encadrement législatif plus strict qui devrait être examiné avec les parlementaires.
Annoncé comme un «Plan de sauvetage» de l’hôpital, celui ci fait flop. Celui ci ne convainc pas et tout d’abord les principaux intéressés réunis dans le Collectif Inter Urgences et qui réclamait un Ondam porté à 4 %, une revalorisation salariale de 300 euros nets par mois pour les personnels non médicaux et l’arrêt des fermetures de lit.
Les Mutuelles de France qualifie le plan de «petit, étriqué, limité» déplorant que pour accroitre les rémunérations des personnels le gouvernement refuse d’augmenter les salaires et choisit «l’astuce du versement de primes» : «Avec 66€ nets par mois pour les infirmiers et les aides-soignants en région parisienne et 20€ nets par mois d’intéressement décidée par chaque établissement, on peut parler de primes modiques qui ne répondent ni à la souffrance des personnels, ni à leur surmenage, ni à leurs conditions de travail dégradées, en région parisienne ou ailleurs en France».
Le groupe de la gauche démocrate et républicaine au Parlement qui avait été à l’initiative d’un qui avait donné lieu à un rapport alarmant sur la situation parle de « mépris » et note qu’aucune annonce n’a été faite sur une augmentation des effectifs, sur la revalorisation des salaires pour tous ou sur la fermeture des lits.