Hébergement d’urgence : l’ADSF mobilisée pour les femmes à la rue

En ce matin de janvier, l’association Agir pour la défense de la santé des femmes accueille dans ses locaux neuf femmes et un tout-petit. © CYRIL ENTZMANN

Sa mission première est d’accompagner les femmes en situation de précarité sur les questions de santé. Mais pour répondre aux besoins du plan Grand Froid, l’association Agir pour la défense de la santé des femmes n’a pas hésité à s’adapter. Cet hiver, neuf femmes et un enfant ont été accueillis dans ses locaux parisiens du XVIIIe arrondissement. Reportage.

« Ça va tu as bien dormi ? Tu as eu suffisamment chaud avec le duvet ? Tu veux aller prendre une douche ? » En ce matin de janvier, dès leur arrivée dans les locaux parisiens de l’ADSF (Agir pour la défense de la santé des femmes), les encadrantes saluent toutes les bénéficiaires hébergées.

Une main sur l’épaule, un sourire ou une petite attention particulière introduisent chacune de leurs questions. Si leur rôle au sein de l’ADSF est d’accompagner les femmes en situation de précarité dans leurs problématiques de santé, toutes, bénévoles, « femmes repaires » et salariées, ont accepté de se mobiliser pour répondre à l’appel du plan Grand Froid.

Investissement total des équipes

« Lorsqu’il a été activé, on nous a demandé si nous pouvions mettre à l’abri des personnes vivant dans la rue. C’est un accueil que nous n’avions jamais fait, mais tout le monde a accepté. Pour des raisons humaines, c’était une évidence. »

De gauche à droite, Prisca, Raphaëla et Virginie, membres de l’équipe d’ADSF. © CYRIL ENTZMANN

Directrice générale de l’association, Myriem raconte l’investissement total de son équipe, les astreintes, les nouvelles responsabilités, l’adaptabilité de chacune… Une organisation à mettre en place en moins de 24 heures. Depuis plus de dix jours, neuf femmes, dont une avec un enfant, vivent ainsi à leurs côtés.

« Lorsque le plan sera levé, nous savons que nous devrons leur dire qu’elles ne peuvent plus être hébergées chez nous, commente Raphaëla, l’infirmière coordinatrice des soins. Humainement, c’est très violent de devoir porter cette décision. Le petit s’est beaucoup attaché à nous, et réciproquement… »

« Dans la rue, on doit se méfier de tout le monde »

Dans la salle principale de l’ADSF, Prisca se charge de distribuer des boissons chaudes et des collations à celles qui passent le pas de la porte. Pendant toute la durée du plan Grand Froid, l’association a également maintenu son accueil de jour ouvert, au Repaire santé de Barbès, et proposé à celles qui le souhaitaient de venir parler de leur santé.

Dehors, pour toutes ces femmes, les violences sont quotidiennes. On doit se méfier de tout le monde. Et j’en sais quelque chose.

Prisca
© CYRIL ENTZMANN

« Lorsque l’on est à la rue, ce sujet est très loin d’être une priorité. Dehors, pour toutes ces femmes, les violences sont quotidiennes. On doit se méfier de tout le monde. Et j’en sais quelque chose. » Comme les autres « femmes repaires » de l’association, Prisca était autrefois bénéficiaire de l’ADSF. Désormais, elle s’investit pour venir en aide à celles qui en ont besoin.

« Elles ont très peur de se confier. Mais, en apprenant que nous avons vécu la même situation, elles se disent que nous, nous allons pouvoir les comprendre. » Originaire de Côte d’Ivoire, la jeune femme était aide-soignante dans son pays. « Quand je me suis retrouvée ici, sans rien, j’ai voulu donner de mon temps et être utile, moi aussi, à quelque chose. On m’a alors orientée vers l’ADSF. Ensuite, j’ai rapidement souhaité participer aux maraudes », explique Prisca.

Ne pas perdre le lien

Pour sensibiliser les personnes en situation de grande précarité aux sujets de santé, l’association part en effet à leur rencontre lors de maraudes, sur le terrain, à pied ou avec un camion aménagé, le « Frottis Truck ». A son bord, des professionnels de santé (une psychologue, une sage-femme, mais aussi une gynécologue et/ ou une infirmière), accompagnés par des « femmes repaires » et des bénévoles, se déplacent dans les lieux sensibles de la capitale, comme les gares parisiennes ou le Bois de Vincennes.

© CYRIL ENTZMANN

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