Halte aux produits alimentaires frauduleux !

Ces fraudes sur les aliments concernent autant les produits bon marché que les produits de luxe. ©123RF

Du sable et de la craie dans du poivre moulu, de l’huile de tournesol colorée à la chlorophylle en guise d’huile d’olive, du faux champagne… A l’heure des fêtes de fin d’année, comment s’y retrouver ?

Depuis une dizaine d’années, de nombreux produits alimentaires dits « adultérés », c’est-à-dire remplacés en partie ou totalement par une substance active non mentionnée dans la composition, se retrouvent dans nos placards.

Comestibles, vraiment ?

Deux poivres sur trois seraient frauduleux. Et, en 2020, 48 % des huiles d’olive prélevées par les services de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont été déclarées non conformes.

Sans parler des miels vendus en France qui n’auraient jamais vu l’ombre d’une abeille ! Dans le cas des poivres moulus, « on peut trouver du sable ou de la craie, dénonce Ingrid Kragl, de l’ONG Foodwatch (organisation de défense des consommateurs). Des huiles d’olive sont fabriquées avec du tournesol à un euro le litre et vendues dix fois plus cher grâce à l’ajout de chlorophylle, pour donner la couleur verte. »

Quant au miel, certains fabricants osent tout : ils mélangent de l’eau, du sucre et des arômes artificiels de fleurs. Les miels français sont de plus en plus rares. Les trois quarts proviennent principalement d’Argentine, de Chine, de Hongrie, d’Espagne ou d’Italie. Un miel sur trois vendus en France présente des anomalies. Et aucun rayon n’est épargné.

D’après la DGCCRF, 9 % des produits estampillés ‘IGP’ vendus en Europe sont des faux.

Ces fraudes concernent autant les produits bon marché que les produits de luxe. En août dernier, un vigneron marnais a été accusé de vendre du faux champagne à base de vins importés. Une enquête de la DGCCRF est en cours.

Des labels pas tous fiables

Les labels ne sont pas toujours un gage de sécurité pour le consommateur. L’indication géographique protégée (IGP) par exemple, est très largement imitée par les fraudeurs pour des appellations telles que « Champagne » ou « Prosciutto di Parma »… D’après la DGCCRF, 9 % des produits estampillés « IGP » vendus en Europe sont des faux.

Certes, la réglementation européenne prévoit l’obligation de mentionner, sur l’étiquette, le pays d’origine de la récolte des produits. Mais « cette contrainte tombe en cas de pluralité de pays d’origine au profit d’une mention opaque : “mélange originaire/non originaire de l’Union européenne” », indique l’UFC-Que choisir.

Vigilance accrue

Le consommateur doit redoubler de vigilance. Certains labels sont fiables comme « Bio équitable en France », « Certifié agriculture biologique » ou « Appellation d’origine contrôlée » (AOC). En revanche, méfiance sur certains « Label rouge » ou « Zéro pesticides ».

Sachez que chacun peut signaler toute fraude rencontrée sur le site signal.conso.gouv.fr. Mais pour lutter efficacement, la réponse doit être globale. C’est aux pouvoirs publics nationaux et européens d’engager des contrôles à la hauteur de l’enjeu.