Coronavirus : ce qui doit changer maintenant

Hommage aux soignants : crise du Covid
C’est sûr: il y aura un «avant» et un «après» coronavirus. Depuis des années, les professionnels de la santé annonçaient une catastrophe imminente. Ils le répétaient : en cas de crise, notre système de santé ne tiendra pas. Et le drame a eu lieu. Certes, personne ne pouvait le prévoir. Mais le processus des virus n’est-il pas toujours le même? Ils prospèrent en s’infiltrant dans les failles des systèmes, qu’ils soient immunitaires, économiques, sanitaires ou sociétaux, les colonisent avant de les détruire. C’est ce que le Covid-19 a démontré. Les solutions, on les connaît depuis longtemps. Les soignants ne cessaient de demander qu’on les mette en œuvre. Il faut impérativement s’y atteler, agir, investir en moyens et en effectifs dans nos systèmes solidaires pour servir une véritable « protection sociale », au sens littéral du terme. Allons-nous tirer les leçons de cette épreuve majeure? Saurons- nous relever le défi? L’heure est grave car, les spécialistes le savent, il y aura d’autres crises, d’autres coronavirus, d’autres épidémies. Cette fois, serons-nous prêts? HÔPITAL : DES ANNÉES DE CASSE Durant le confinement, vous étiez des millions à témoigner de votre solidarité aux soignants. Maintenant, il faut s’atteler à reconstruire des hôpitaux abandonnés depuis des années par les pouvoirs publics. « On a perdu 100 000 lits en vingt ans, 69 000 entre 2003 et 2017, sans compter les maternités, les services de chirurgie, les réanimations, des hôpitaux entiers », dénonce la sociologue Fanny Vincent. » Dans le même temps, la population française augmentait de 10 % et… vieillissait. Dans les Ehpad, qui ont payé un lourd tribut à la crise, le manque de personnel était criant. Depuis des mois, les professionnels appelaient à l’aide. Cet hiver, en pleine épidémie de bronchiolite, 25 nourrissons n’ont pu être soignés dans les hôpitaux pédiatriques parisiens et ont dû être envoyés en province. Les quelques rallonges budgétaires débloquées en catastrophe par le gouvernement pour calmer la grogne sont apparues indécentes, comme l’a dénoncé le Pr Pierre- Louis Léger, chef de service de réanimation pédiatrique à l’hôpital Armand-Trousseau, à Paris. «Le bateau coule et ont met des rustines. Dans son service, des chambres de réanimation étaient inutilisables par manque d’infirmiers. Pour la seule Ap-hp( Assistance publique-Hôpitaux de Paris), 900 lits étaient fermés faute de personnel. « Depuis des années, les écoles d’infirmiers alertent sur la baisse de leur effectif d’élèves, explique Fanny Vincent. Un infirmier en réa gagne 1 700 € net par mois, ce qui le classe au 28e rang des pays de l’Ocde. Cela ne fait rêver personne. » Jamais les pouvoirs publics n’ont pris au sérieux les appels au secours des personnels en burn out qui quittaient l’hôpital, écœurés. « Le coronavirus s’est abattu sur un système de santé très affaibli », a expliqué fin mars André Grimaldi, professeur à La Pitié-Salpêtrière, à Paris. La casse de l’hôpital public a commencé au début du siècle avec le tournant managérial : « Il ne fallait plus parler de service public mais d’entreprise, vendre du “ séjour

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