Dominique Attias : une avocate dans la cité

Viva Magazine
© Viva Magazine

La vice-bâtonnière de Paris se bat pour que les Parisiens bénéficient d’un meilleur accès au droit.

Les Français semblent avoir des rapports de méfiance envers les avocats. Pourquoi ?

Les Français ont tendance à penser que les avocats sont tous riches. Il y a beaucoup de fantasmes sur cette question. A une époque, c’est vrai, les avocats venaient de milieu très favorisés. Il s’agissait de notables aisés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Sur les 28 000 avocats parisiens, un quart vivent en dessous du Smic. C’est une profession qui s’est beaucoup précarisée et dans laquelle le nombre de suicides augmente. Mais la population ne le sait pas. Nous peinons sans doute à communiquer sur les réalités de notre métier avec ses difficultés bien réelles. 

Ils craignent en particulier des honoraires prohibitifs?

Il est vrai qu’il s’agit d’une profession libérale. Aussi, les tarifs sont libres. Cependant des règles existent. L’avocat a l’obligation d’afficher ses taux horaires. Il a également une obligation de fixer une convention d’honoraires. Des systèmes de forfaits négociés avec son avocat peuvent aussi être mis en place, par exemple pour un divorce. Enfin, on peut également demander une prime sur résultats. C’est une pratique moins courante qu’aux Etats-Unis, où elle est majoritaire. Cependant elle est envisageable en France en particulier pour les affaires de droit du travail. Enfin, il faut aussi bien choisir son avocat. Certains cabinets avec beaucoup de notoriétés ou situés dans les beaux quartiers de Paris pratiquent en général des tarifs plus élevés que ceux installé dans des quartiers moins cotés de la capitale. Ce qui ne dit cependant rien de la qualité professionnelle de l’avocat. Enfin, il y a des recours en cas de litiges ou de problèmes avec un avocat. C’est le rôle du bâtonnier de recevoir ces doléances. 

Le barreau de Paris organise, du 2 au 8 octobre prochain, l’initiative « Avocat dans la cité » (1) En quoi consiste-t-elle ?

Nous abordons cette année la 6e édition « d’Avocat dans la cité ». Cette initiative est née de la volonté du Barreau de Paris de démocratiser le droit. Durant cette semaine, des avocats vont assurer, partout dans Paris, des consultations gratuites. Il y aura des consultations gratuites dans les mairies d’arrondissements, une grande tente sera montée place de l’Hôtel-de-Ville pour accueillir les Parisiens et un bus sera installé place de la République. Les personnes intéressées pourront s’y rendre sans rendez-vous afin de trouver une réponse à leurs problèmes juridiques. Nous intervenons aussi dans les écoles. En 2016, 800 avocats se sont mobilisés, 3 000 consultations gratuites ont été assurées et 5 625 élèves issus de 105 écoles ont reçu une initiation pédagogique au droit. Tous les avocats sont volontaires. La plupart souhaitent revenir d’une année sur l’autre.

Quels types de personnes sont touchées ?

Nous voyons de tout, et c’est cela qui est formidable. Je me souviens d’une jeune mère de famille qui avait des problèmes de couple, d’un monsieur en proie à des problèmes de propriété et qui voulait être certain que son avocat avait bien analysé la situation, ou encore un Sdf avec son bardas sur le dos qui dormait dans la rue.

Le Barreau de Paris a mis en place d’autres formules d’accès au droit ?

Oui, nous avons par exemple un bus aménagé qui stationne aux portes de Paris. Trois avocats s’y relaient tous les soirs de 17 heures à 20 heures. On y traite des questions de droit des étrangers, du logement mais aussi du travail. Tous les jours également, des avocats consultent gratuitement au Palais de justice et dans certaines mairies. Nous avons également mis en place un partenariat avec l’Adie, organisme qui fournit des micro-crédits à de petits entrepreneurs. Nous les soutenons dans leurs démarches juridiques.

(1) Avocat dans la cité a reçu un Trophée Caractères en 2016, décerné par Solimut Mutuelle.