
L’été 2024 a révélé les défis persistants du système hospitalier français. Face à une activité accrue dans les services d’urgence, la Fédération hospitalière de France appelle à une augmentation des moyens dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
En deux décennies, le nombre de passages aux urgences a doublé pour atteindre 21,6 millions en 2023. Parmi ces passages, 80 % sont pris en charge par les hôpitaux publics, qui supportent ainsi la majeure partie de la charge. « Quatre ans après la pandémie, les difficultés persistent et s’aggravent durant l’été. » Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), introduisait par ces mots la conférence de presse de la FHF, le 3 septembre 2024.
39 000 lits d’hôpitaux supprimés depuis 2013
Une enquête flash menée par la FHF auprès de 260 établissements durant l’été révèle que la situation demeure préoccupante.
- Tandis que 46 % des répondants jugent que la situation est restée stable par rapport à 2023, 39 % la trouvent détériorée, et seulement 15 % notent une amélioration.
Les difficultés d’accès aux lits d’hospitalisation, notamment en psychiatrie, continuent de peser lourdement sur les services d’urgence, contribuant à les engorger davantage. Rappelons que 39 000 lits ont été supprimés depuis 2013, et 6 700 en 2022.
« Mère des batailles »
L’autre défi majeur est celui des ressources humaines, « la mère des batailles » pour Arnaud Robinet. Après plusieurs années de mobilisation intense durant la crise Covid, les personnels médicaux ont enfin pu prendre leurs trois semaines de congés estivaux. Ce qui a entraîné une hausse des heures supplémentaires et du recours à l’intérim. De plus, la fermeture temporaire de certains services d’urgence sur le territoire a aggravé la situation.
Les cliniques privées pointées du doigt
Décrites comme « le maillon faible », les cliniques privées sont accusées de ne pas jouer le jeu. « Elles ne sont pas au rendez-vous. Nous avons besoin de l’implication de tous pour garantir la continuité des soins sur l’ensemble du territoire », a déploré Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF. Elle appelle à une meilleure répartition des prises en charge durant la période estivale.
Certaines cliniques privées ont fermé leurs services d’urgence sans préavis. Transférant ainsi la charge aux hôpitaux publics. « Nous attendons avec impatience la publication du décret révisant le régime de la permanence des soins », a-t-elle ajouté. Ce décret, en conformité avec la loi Valletoux de décembre 2023 sur l’accès aux soins, confère aux directeurs des agences régionales de santé des pouvoirs renforcés pour organiser la permanence des soins. Y compris en imposant la participation des établissements privés si nécessaire.
La FHF demande une rallonge de 2,4 milliards d’euros
« L’hôpital public doit être financé à hauteur de ses coûts, ni plus ni moins. Ce n’est pas le cas aujourd’hui », a déclaré Arnaud Robinet. Le responsable exprimait ses inquiétudes quant à la situation financière des hôpitaux publics. En effet, le déficit est estimé à plus de 2 milliards d’euros en 2024. Pour remédier à cette situation, la FHF réclame une augmentation de 6 % de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam).
Ce dernier est initialement fixé à 105,6 milliards d’euros. Ainsi, la hausse représenterait 2,4 milliards d’euros supplémentaires, portant le total à 111,9 milliards d’euros pour 2025. La FHF a également appelé à la nomination rapide d’un « ministre de plein exercice en charge de la Santé et de l’Autonomie », afin d’initier les discussions budgétaires nécessaires.