13 % des femmes enceintes continuent à fumer, 7 % à boire

Fumer pendant la grossesse augmente les risques de grossesse extra-utérine, de fausse couche, ou d’accouchement prématuré pour la mère et un retard de croissance pour le fœtus. © 123RF

Tabac et alcool sont fortement déconseillés pendant la grossesse. Néanmoins, 13 % des femmes enceintes déclarent avoir continué à fumer, et environ 7 % ont consommé de l’alcool, selon une étude de Santé publique France parue le 9 septembre. Une tendance stable depuis 2017 pour le tabac et un chiffre en baisse pour l’alcool.

Les messages de prévention sont sans appel : zéro tabac et alcool pendant la grossesse. Les risques pour la santé de l’enfant à naître et de la mère sont en jeu. Mais les conseils sont plus faciles à donner qu’à suivre. Les chercheurs de l’étude rappellent qu’il « est important de poursuivre les efforts de prévention et d’accompagner les femmes qui pourraient être en difficulté avec la consommation de substances pendant leur grossesse, car le nombre de femmes et d’enfants concernés est loin d’être anecdotique ».

Tabac : la consommation est stable

D’après l’étude de Santé publique France, qui s’appuie sur les déclarations de 1 302 mères et 157 femmes enceintes, la consommation de tabac chez les femmes enceintes demeure stable depuis 2017. Dans le détail, les chercheurs révèlent que parmi les mères d’enfant de 5 ans ou moins en 2021, 24 % fumaient lorsqu’elles ont appris leur grossesse. Parmi ces dernières, 45 % ont déclaré avoir arrêté de fumer dès qu’elles ont appris leur grossesse ou au cours de leur grossesse et 51 % ont déclaré avoir réduit la quantité de tabac fumé sans arrêter totalement.

Enfin, 4 % n’ont ni arrêté ni réduit leur consommation. Santé publique France conclut que « rapporté à l’ensemble des mères d’enfant de 5 ans ou moins en 2021, c’est 13 % d’entre elles qui déclarent avoir fumé pendant l’ensemble de leur grossesse ».

Alcool : consommation en baisse

Parmi les mères d’enfant de 5 ans ou moins en 2021, 93 % déclaraient ne jamais avoir bu d’alcool, un chiffre en augmentation par rapport à 2017, lors de leur dernière grossesse après avoir appris être enceinte, et 6 % uniquement pour les grandes occasions.

« Mais 7 % déclaraient donc avoir bu en 2021, ne serait-ce que quelques gorgées », notent les auteurs de l’étude et 6 % ont affirmé avoir consommé de l’alcool uniquement pour les grandes occasions et moins de 1 % plus d’une fois par mois.

Les risques dramatiques pour la santé

La nicotine et d’autres composants du tabac (hydrocarbures, métaux lourds…) passent le placenta, explique l’Assurance maladie sur son site. Fumer pendant la grossesse augmente notamment les risques de grossesse extra-utérine, de fausse couche, ou d’accouchement prématuré pour la mère et peut provoquer un retard de croissance pour le fœtus.

L’alcool passe la barrière placentaire et les conséquences sur la grossesse sont dramatiques sur le développement du cerveau et du cœur du fœtus.

Quand la femme enceinte est soumise au tabagisme passif, le risque existe mais de façon plus modérée. Si la mère choisit d’allaiter son bébé, il est important de savoir que le tabac modifie le goût du lait, sa composition et en diminue la production.

L’alcool aussi passe la barrière placentaire et les conséquences sur la grossesse sont dramatiques sur le développement du cerveau et du cœur du fœtus. Le Saf (syndrome d’alcoolisation fœtale) est la forme la plus grave. Il peut entraîner chez les enfants un retard de croissance, des difficultés d’apprentissage et de langage, des troubles du comportement et d’adaptation sociale.

Ces enfants présentent également des anomalies structurelles du cerveau, des malformations physiques ou des troubles de la vision et de l’audition. Ces dégâts sont irréversibles. En 2021, un enfant sur 1 000 est né avec un syndrome d’alcoolisation fœtale complet, et 1 sur 100 souffre ou souffrira de troubles causés par l’alcoolisation fœtale directement liés à la consommation d’alcool durant la grossesse, selon la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

DR Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

Il « n’existe aucune dose minimale en dessous de laquelle l’alcool serait sans risque », notent les autorités de santé, ajoutant qu’il ne suffit que d’un seul verre. En conséquence, le seul message de prévention possible est « Zéro alcool pendant la grossesse ».

Les aides au sevrage sont disponibles sur le site Ameli et la prise en charge des substituts nicotiniques par l’Assurance maladie.