Quelle place pour les femmes au sein de la mutuelle ?

Assemblée Générale Entrain
Les mutuelles se sont fixé comme obligation d’avoir au moins 40 % d’élues femmes dans leurs gouvernances. © CYRIL ENTZMANN / DIVERGENCE

La place des femmes dans la mutuelle était le sujet d’une table ronde organisée lors de l’assemblée générale, le 22 juin à Rouen. 

L’assemblée générale de Mutuelle Entrain était l’occasion pour Olivier Foucaut, membre du conseil d’administration délégué à la prévention, et Thierry Le Cadre, président de la section Bretagne-Mayenne, de réfléchir avec les délégués sur la place des femmes dans la mutuelle. Thierry Le Cadre lançait le sujet de manière entraînante en questionnant l’assemblée.

Les deux invitées entraient alors dans le débat : Raphaëlle Manière, cheminote, membre du collectif Femmes mixité de la CGT, et Isabelle Vilespy, formatrice représentant Mut’Elles, le réseau des femmes en mutualité. « En 2000, la philosophe et sociologue Dominique Méda était très optimiste sur l’avancée de la place des femmes dans la société. Mais vingt ans plus tard, elle se rend compte qu’il reste énormément à faire », lançait Raphaëlle Manière pour débuter son propos avant d’égrener les exemples : 27 % des femmes cheminotes sont victimes de violences sexuelles. Un chiffre qui grimpe même à 39 % chez les contrôleuses.

Repenser l’éducation des enfants

Pour remédier à ce problème, la solution n’est pas à chercher très loin. Pour Raphaëlle Manière, il faut repenser l’éducation des enfants dès leur plus jeune âge. « Il est grand temps d’éveiller les consciences sur la place des femmes dans nos organisations, a-t-elle expliqué. Et pour cela, la première chose à faire est tout simplement de se compter entre nous : combien de femmes ? Combien d’hommes ? Ensuite, il faut chercher pourquoi il y a plus de femmes dans certaines sections que dans d’autres. Comment ont-elles fait pour y arriver, y a-t-il une recette ? »

Selon la formatrice, la présence des femmes est avant tout une question politique dont il faut savoir se saisir. A sa suite, Isabelle Vilespy a pris la parole pour Mut’Elles. Ce réseau, créé en 2016, s’est fixé trois objectifs : la mixité des instances, l’égalité au travail (notamment salariale), et le droit des femmes dont celui de disposer de leur corps. 

« Trouver les femmes là où elles sont »

N’hésitant pas à provoquer l’assistance, Isabelle Vilespy a commencé par rappeler que les mutuelles se sont fixé comme obligation d’avoir au moins 40 % d’élues femmes dans leurs gouvernances. « Au niveau national, il n’y a que 10 à 15 mutuelles qui ont atteint ce taux de 40 %. C’est peu sur les 400 mutuelles existantes », regrettait l’intervenante. Pour elle, il faut aller trouver les femmes là où elles sont, leur expliquer ce qu’est l’engagement et ce qu’elles peuvent trouver en rejoignant la mutualité. Ces chiffres et ces propos ont suscité de nombreuses prises de parole dans l’assemblée. 

Pour Yves Faraud, de la section Aquitaine : « Si nous avons su faire venir de nombreuses femmes dans ma section, je reconnais que nous n’avons pas su les garder. » « Je crois que l’on a tendance à trop demander aux nouveaux élus et  peut-être trop vite », lui répondait de son côté Cyril, de la section Marseille. « J’encourage vivement les femmes à s’engager. Donner un peu de soi est déjà une vraie satisfaction personnelle », confiait Martine Renaud, de la section de Normandie.

Pour Olivier Foucaut, qui animait cette table ronde, « il est temps de changer notre vision de la place des femmes dans notre mutuelle pour les amener à y prendre toute leur place ». C’est bien là le thème de la campagne mise en œuvre par Mutuelle Entrain. Olivier Techec, président de Mutuelle Entrain, a, quant à lui, conclu sur une note positive : « Je crois à l’idée d’emballement. A partir du moment où des femmes nous rejoindront, d’autres suivront. » L’appel est lancé.