« Nous agissons pour plus de solidarité »

Beatrice Torrez
Beatrice Torrez, vice-présidente de la mutuelle SMH. © Franck Crusiaux

L’année 2022 sera marquée par le renouvellement des délégués de la mutuelle en février. A la veille de ces élections, Béatrice Torrez, première vice-présidente de la SMH, référente de la commission prévention et formation, revient sur les enjeux de l’engagement mutualiste. 

Les délégués de la mutuelle vont être élus pour quatre ans. Ce renouvellement intervient dans un contexte de mobilisation particulièrement difficile ? 

Béatrice Torrez : Au sein de la mutuelle et de notre Fédération des Mutuelles de France, nous avons engagé depuis plusieurs années une réflexion autour du renouvellement de nos instances pour intégrer plus de femmes, plus de jeunes et plus d’actifs. Avoir des représentants de la diversité des besoins et des attentes est la condition de notre réussite. Une dynamique s’est enclenchée pour susciter l’envie de devenir acteur, l’envie de prendre des responsabilités. 

Mais plusieurs facteurs rendent les choses difficiles. La crise sanitaire, bien sûr, puisque pendant près de deux ans, l’accès aux sites hospitaliers, notre coeur de métier, était impossible. La restructuration des établissements et notamment les regroupements en groupements hospitaliers de territoire (GHT) ont vu aussi parfois la disparition des services où nous avions des permanences. Le problème des carrières et des statuts malmenés dans le milieu hospitalier constituent aussi des empêchements : aujourd’hui, les directeurs sont purement des gestionnaires et donc les possibilités de militer sans avoir une entrave sur le service, sur les collègues et sur sa propre carrière sont hélas limitées. 

Comment convaincre les jeunes et les actifs de franchir le pas de l’engagement mutualiste ? 

B. T. : Les jeunes sont solidaires, ils le prouvent par de nombreuses mobilisations. Mais il faut accepter l’idée que le militantisme d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a trente ans. Les jeunes fonctionnent au coup de coeur, sur un temps donné. A nous de les convaincre qu’au sein de la mutuelle, on agit vraiment pour plus de solidarité, notamment grâce aux nombreuses actions de prévention et à nos partenariats divers. La prévention est l’un de nos premiers rôles : nous avons mené depuis plus de dix ans des actions importantes autour de la pénibilité et de la souffrance au travail.

Chaque année, la mutuelle est impliquée dans Octobre rose ou Mars bleu pour la prévention des cancers. L’organisation d’ateliers mémoire pour les seniors permet d’agir pour une meilleure santé mais aussi pour garantir le lien social. Pour les étudiants, nous avons noué un partenariat avec l’association les Paniers de Léa pour que chacun d’entre eux puisse bénéficier d’un cabas hebdomadaire lui permettant de manger équilibré. Nos partenariats avec le Secours populaire et Médecins du monde, bénéficiaires de notre campagne de parrainage, nous permettent d’agir pour l’accès aux soins des plus précaires et des migrants… C’est dire que notre mutuelle, c’est bien plus que des remboursements ! 

« Notre fonctionnement nous permet d’être toujours au plus proche des besoins de la population. »

Béatrice Torrez, première vice-présidente de la SMH, référente de la commission prévention et formation

L’engagement mutualiste est une illustration de la démocratie participative et sanitaire ?

B. T. : Selon le principe « une personne, une voix », chaque adhérent peut en effet participer à l’essor collectif de la mutuelle. Il existe plusieurs niveaux d’implication. Tout d’abord, le délégué est élu par les adhérents. Il participe à l’assemblée générale une fois par an et prend part à la vie de la mutuelle en votant les différentes résolutions. Le délégué peut également devenir correspondant sur son établissement de rattachement. Il peut encore être élu au conseil d’administration. Ce fonctionnement nous permet d’être toujours au plus proche des besoins de la population. Grâce à la proximité, malgré les directives assurantielles européennes et la pression des regroupements, nous sommes toujours présents pour défendre la solidarité et l’accès aux soins pour tous. Il est impératif que la Sécurité sociale reprenne sa place et que des financements à hauteur des besoins lui soient alloués.  

Propos recueillis par Marie-Hélène Olla