Les effets néfastes de la pollution de l’air sur le fœtus

L'Inserm vient de préciser les risques pour le fœtus de d’exposition à la pollution de l’air durant la grossesse © 123 RF
Une équipe de recherche de l’Inserm et de l’Université Grenoble Alpes a étudié la façon dont l’ADN du placenta serait modifié par l’exposition à trois grands polluants aériens. © 123 RF

Des chercheurs de l’Inserm viennent de démontrer les impacts négatifs de l’exposition des femmes enceintes à un air pollué. Hypertension, diabète, obésité, altération du système nerveux, les conséquences pour le futur bébé ont pu être précisées. Avec des différences notables selon le sexe de l’enfant à naître.

Les effets négatifs de la pollution de l’air sur le développement du fœtus sont déjà documentés par la littérature scientifique. En 2007, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) avait ainsi publié une étude sur les « déterminants pré et post natals précoces du développement et de la santé de l’enfant ». Les chercheurs expliquaient dans ce document les conséquences des polluants atmosphériques sur « la croissance du fœtus. Et la santé du bébé ».

Altérations métabolique, immunitaire et neurologique

L’Inserm vient de préciser, dans une nouvelle publication, les mécanismes de cette altération. Début mai, l’organisme public de recherche diffusait en effet les conclusions de nouveaux travaux sur « la façon dont l’ADN du placenta serait modifié par l’exposition à trois grands polluants aériens. En comparant les données obtenues chez près de 1 500 femmes enceintes. Elle a ainsi pu observer que l’exposition à ces polluants durant la grossesse était associée à des modifications épigénétiques. »

Selon l’équipe de recherche, cette pollution vient donc apporter des changements sur les gènes des enfants à naître. Et ces transformations sont « susceptibles d’altérer le développement du fœtus. En particulier aux niveaux métabolique, immunitaire et neurologique. »

Le placenta comme archive

L’étude récemment publiée détaille également de quelle manière ces transformations sont analysées. A cet effet, le placenta des mères est observé « comme une archive ». « Particulièrement vulnérable à de nombreux composés chimiques, il (…) témoigne de l’environnement prénatal de l’enfant. Les modifications épigénétiques survenant dans ses cellules reflètent en partie les expositions environnementales de la mère au cours de la grossesse. »

Impact significatif

L’examen des chercheurs s’est porté sur le dioxyde d’azote et les particules fines. Et les conclusions démontrent que l’exposition à ces polluants aériens ont un « impact significatif » dans ces altérations épigénétiques. Par ailleurs, un tiers de ces dernières sont « directement associées à des indicateurs du développement de l’enfant (poids et taille de naissance, périmètre crânien, durée de la grossesse…). Et d’autres « concernent des gènes impliqués dans le développement du système nerveux, du système immunitaire et du métabolisme. »

Un impact différent en fonction du sexe de l’enfant

En parallèle, les chercheurs ont pu identifier des conséquences différentes selon qu’il s’agisse d’une fille ou d’un garçon. Ils notent en effet « un impact différencié (…) en fonction du sexe de l’enfant à naître. » 

  • Ainsi, pour les garçons, ils ont remarqué « des altérations significatives au niveau de gènes impliqués de façon critique dans le développement du système nerveux et de l’intellect. »
  • Chez les filles, ces modifications « pourraient ainsi être associées à des défauts de développement susceptibles d’augmenter les risques de développer des maladies chroniques métaboliques (hypertension, diabète, obésité…) plus tard dans la vie. »