Les diététiciens montrent les dents

Viva Magazine
© Viva Magazine

Ils lancent un appel en ligne  www.onpassealacte.org afin que les consultations soient prises en charge par l’assurance-maladie.

Professionnels, autorités de santé, politiques, chacun reconnaît aujourd’hui la nutrition comme un déterminant de la santé. D’ailleurs, la Haute Autorité de santé (Has) a fait entrer la diététique dans le parcours de soins des patients atteints de 11 pathologies chroniques : diabète, bien sûr, mais aussi Parkinson, insuffisance cardiaque, bronchopneumopathie chronique obstructive, maladies rénales chroniques… Pour autant, la consultation diététique de ville n’est toujours pas prise en charge par l’assurance-maladie : «  De ce fait, elle instaure des soins à deux vitesses (seuls les patients pouvant payer leurs soins ont accès au suivi diététique), ce qui est e extrêmement préjudiciable pour les patients qui ont absolument besoin de ce suivi ».

Faut de suivi, ces patients reviennent à l’hôpital dans des états très dégradés et leur prise en charge tardive génère finalement un coût très élevé pour la société. Un coût qui aurait pu être évité, comme l’explique Sophie Estran, diététicienne nutritioniste Chu De Nice : « L’aberration est qu’il faut attendre la complication et l’hospitalisation qui coûtent très cher pour prendre en charge des soins qui auraient pu être beaucoup moins coûteux et beaucoup plus pertinents en ville. » 

Pour Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition à l’institut Pasteur de Lille, spécialisé en endocrinologie et maladies métaboliques : « Ce non-accès à des consultations diététiques implique une perte objective de chances. Je le constate tous les jours dans ma pratique médicale : en l’absence de suivi diététique, à l’hôpital et en post-hospitalisation, l’état de santé se dégrade, alors que celui des patients suivis s’améliore. Il est donc urgent de mettre en cohérence les recommandations de la Has avec les arbitrages de l’assurance-maladie et donc de reconnaître la consultation diététique, comme une consultation de santé publique à part entière. »

Une mesure qui permettrait à moyen terme de faire bien des économies. Une étude menée aux Pays-Bas montre que la prise en charge nutritionnelle de l’obésité par un diététicien est efficace. Pour 1 euro dépensé, la société pourrait gagner jusqu’ à 63 euros.

Ce conventionnement devrait aussi s’accompagner d’une revalorisation de la formation des diététiciens :  le diplôme des diététiciens  (deux ans) est la seule formation paramédicale en France à n’avoir pas été alignée sur le cursus licence master doctorat.