Alors que le Sénat vient de se prononcer pour la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME) pour les étrangers en situation irrégulière et avant que cette décision soit votée par l’Assemblée nationale, la rédaction de « Viva » a tenu à remettre en avant un article que nous avions récemment publié sur les résultats d’une étude de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes).
Régulièrement menacé, ce droit au soin relève pourtant du « principe constitutionnel d’égalité entre les résidents étrangers et les ressortissants français », comme le rappellent les auteurs de l’enquête.
Pour introduire leur récente publication sur l’aide médicale d’Etat (AME), les chercheurs de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) rappellent les valeurs républicaines à l’origine du dispositif. L’AME permet en effet de « donner accès à des soins gratuits, sous conditions de ressources, aux personnes étrangères en situation irrégulière ».
Or, près de la moitié de ceux qui pourraient en bénéficier ne souscrivent pas à cette aide. « Seules 51 % des personnes éligibles sont effectivement couvertes. » Les auteurs ajoutent que parmi elles figurent « de nombreuses personnes souffrant de problèmes de santé ».
Un meilleur suivi des patients
Cette étude vise à mesurer l’impact de l’AME dans la prise en charge. Et les résultats montrent que le dispositif a une influence dans « l’accès et l’usage des services de santé » des personnes qui en bénéficient. Grâce à cette aide, ils peuvent en effet se rendre dans des « lieux de soins accessibles aux personnes couvertes par l’assurance maladie publique ». Les auteurs ajoutent que « cette prise en charge dans un cabinet médical ou en centre de santé peut permettre un meilleur suivi des patients ». Or, sans cette couverture, leur passage dans ces cabinets médicaux ou autres centres de santé coûterait extrêmement cher.
S’ils ne sont pas couverts, les étrangers en situation irrégulière ont la possibilité de « consulter un professionnel de santé dans un lieu de soins dédié aux populations vulnérables comme une association (Médecins du monde), un service d’urgences hospitalières. Ou encore de consulter une permanence d’accès aux soins de santé (Pass) ».
Moins de renoncement aux soins
Les résultats de l’enquête montrent que l’AME facilite effectivement l’accès aux soins de ceux qui en bénéficient. Ceux qui ont souscrit à cette aide sont moins nombreux à renoncer à se soigner.
« Parmi les personnes sans titre de séjour présentes depuis plus d’un an sur le sol français :
– 79,5 % ont eu recours au moins une fois à des soins en France au cours des 12 derniers mois,
– cette part atteint 89 % parmi les personnes couvertes par l’AME,
– contre 67 % parmi les personnes non couvertes. »
Les conclusions démontrent par ailleurs que la durée de couverture a également une influence sur les modalités de la prise en charge. Plus les personnes bénéficient longtemps de l’AME, plus elles ont tendance à opter pour des cabinets médicaux et des centres de santé.
6 Français sur 10 sont favorables à l’aide médicale d’Etat (AME) qui permet de « donner accès à des soins gratuits (…) aux personnes étrangères en situation irrégulière ». Tel est le résultat d’un sondage de Médecins du monde avec le CSA. Et lorsque les personnes interrogées ont plus d’informations sur ce droit, la part des convaincus augmente à 73 %.