« Le PLFSS ne nous convient pas » : Jocelyne Le Roux, présidente de Mutami 

Jocelyne Le Roux, présidente de Mutami.
Jocelyne Le Roux, présidente de Mutami. © Emmanuel Grimmault

Non, ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ne nous convient pas. Il veut nous pousser à demander aux adhérents de nos mutuelles de payer plus cher leurs cotisations, alors que leur pouvoir d’achat baisse. Le gouvernement ne veut pas augmenter les impôts de manière visible, il agit donc de façon plus sournoise : une fois encore, il décide de transférer des charges de la Sécurité sociale sur les complémentaires.

C’est ce que nous montrent les annonces de ce PLFSS 2023. Il s’agit, une fois encore, de détricoter la solidarité nationale, notre Sécurité sociale, pour demander plus aux mutuelles. Donc aux adhérents. Tout cela avec le souhait affiché que les mutuelles n’augmentent pas les tarifs de leurs cotisations. Sauf que, si les prestations augmentent par de nouvelles prises en charge, les cotisations devront suivre. Il n’y a pas d’autres solutions. Pas de miracle… Répétons-le, plus de prestations, c’est plus de cotisations. C’est automatique. 

Le poids de la taxe Covid

N’oublions pas que notre mutuelle a été taxée durant les années Covid, sous prétexte que moins de prestations avaient été délivrées. Et pour cause, en 2020, personne n’avait accès aux professionnels de santé, nous étions tous confinés et tous les soins programmés, pourtant nécessaires, ont été reportés. Heureusement, ceux-ci ont été réalisés depuis. Mais la taxe, elle, n’a pas été remboursée aux mutuelles.

Notre mutuelle a aussi été mise à contribution pour le « 100 % santé ». Certes, ce dispositif permet au plus grand nombre de bénéficier de soins en dentaire, optique et audition. Mais c’est un dispositif qui pèse aussi sensiblement sur nos comptes. Mutami, comme l’ensemble des autres mutuelles, n’a pas de marge de manoeuvre. Il n’y a pas d’argent magique. 

« Si l’Etat veut aujourd’hui que le coût des mutuelles baisse, il doit promouvoir d’urgence une Sécurité sociale de haut niveau et supprimer les taxes sur les contrats santé des adhérents. » 

En revanche, le gouvernement serait bien inspiré de lever les taxes qui pèsent sur les cotisations de nos adhérents. Ces taxes représentent aujourd’hui plus de deux mois de cotisations ! En quinze ans, elles ont augmenté de 650 %… pour s’élever aujourd’hui à 14,8 %. Si l’Etat veut aujourd’hui que le coût des mutuelles baisse et redonner du pouvoir d’achat aux citoyens, il doit promouvoir d’urgence une Sécurité sociale de haut niveau et supprimer les taxes sur les contrats santé des adhérents. La santé n’est pas une marchandise. 

JOCELYNE LE ROUX, PRÉSIDENTE DE MUTAMI