La santé autrement…

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En France, nous disposons d’un arsenal thérapeutique (vaccinations, hôpitaux, médicaments) garantissant la haute qualité des soins. Mais, pour améliorer le bien-être des patients, des thérapies complémentaires sont maintenant souvent proposées.

L’Organisation mondiale de la santé (Oms) a jugé les médecines alternatives et complémentaires (Mac) dignes d’intérêt,
à tel point qu’elle a lancé, en 2014, un deuxième plan stratégique (jusqu’en 2023) pour en assurer le développement.
En prévention, elles permettraient d’éviter ou de retarder l’apparition de certaines maladies. En soutien, elles peuvent
être une aide considérable à la guérison ou pour prévenir les rechutes.

A l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, une soixantaine de praticiens les utilisent dans des services aussi divers que
la néonatalogie, l’oncologie, la chirurgie, la psychiatrie et les soins palliatifs. L’AP-HP a même ouvert un centre
de médecine traditionnelle chinoise à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Bien sûr, ces thérapies douces ne « marchent »
pas à tous les coups, mais les médicaments non plus. Les chemins de la guérison sont complexes, multiples et peut-être impénétrables. Ces pratiques sont à rajouter à toutes les techniques qui permettent de se sentir mieux, d’avoir une meilleure hygiène de vie et donc une meilleure santé. Il serait dommage de s’en priver… Alors, si vous profitiez de l’été pour les découvrir ?

Yoga, l’art de la posture

C’est quoi ?
Originaire de l’Inde, cette discipline millénaire repose sur la pratique de postures, les « asanas », et de contre-postures qui visent à retrouver un bon alignement du corps. Elles permettent aussi de libérer les sept « chakras », carrefours de l’énergie qui circule dans le corps via des canaux appelés « méridiens » (utilisés aussi en acupuncture). Dans le yoga, une grande place est donnée aux exercices respiratoires, le « pranayama ». Car c’est le souffle et le lâcher-prise qui permettent de progresser. Le souffle fait circuler l’énergie dans toutes les parties du corps et calme le mental. Corps, respiration, esprit… Ce sont les trois dimensions du yoga, mot qui signifie « union » en sanskrit.

Pour qui ?
Pour tous, jusque tard dans la vie.

Pour quoi ?
Pour lutter contre les douleurs dorsales, pour améliorer la souplesse et l’équilibre, et aussi pour accompagner les traitements
des maladies auto-immunes ou inflammatoires, en relançant une énergie souvent défaillante. Le yoga permet également de gérer le stress, les états anxieux et la dépression. Les postures de torsion assurent un drainage des organes digestifs. Les postures inversées, qui ramènent le sang à la tête, favorisent la circulation sanguine.

Où pratiquer ?
Aujourd’hui, des cours de yoga sont donnés partout. Professeurs individuels, centres de yoga dédiés, dans des salles de gym
ou encore dans les stations thermales. Le yoga est aussi plébiscité par les associations de patients (diabète, cancer…) et développé dans de nombreux hôpitaux, en particulier dans les services de psychiatrie ou d’oncologie.
Il existe presque autant de yogas que de professeurs… Fiez-vous au bouche-à-oreille et testez plusieurs cours pour trouver l’enseignement qui vous correspond.
La forme la plus connue est le « hatha yoga », un yoga traditionnel idéal pour les débutants ou les personnes d’un certain âge.
ffhy.ff-hatha-yoga.com

Les précautions à prendre
Ne pas forcer. C’est la base même de la philosophie du yoga, qui appelle à écouter son corps
et à respecter ses limites. On ne doit jamais avoir mal lorsque l’on pratique le yoga. Avec le temps, au rythme du souffle, le corps
se délie. Certaines postures, comme celles sur la tête ou engageant les cervicales, sont très puissantes. Elles ne sont pas recommandées aux débutants.
A lire : Yoga thérapie, une série de petits livres du Dr Lionel Coudron, médecin et professuer de yoga, aux éditions Odile Jacob. Quelques titres : Soigner la dépression, Soigner l’insomnie, soigner la douleur et la fibromyalgie…

Méditation, retrouver son calme intérieur

Issue du bouddhisme, la méditation s’est laïcisée lorsque des médecins ont commencé, dans les années 1970, à développer son usage thérapeutique dans ce que l’on appelle la méditation de « pleine conscience ». Aujourd’hui, de plus en plus de personnes la pratiquent. Car les neurosciences et l’imagerie médicale sont venues corroborer ce que les moines savaient depuis longtemps.
La méditation modifie certaines zones du cerveau… En bien.

Comment ça marche ?
La méditation vise à calmer l’activité mentale et à neutraliser les pensées parasites. L’idée est de prendre conscience que les émotions qui nous perturbent ne sont pas en nous mais extérieures. En les maintenant à distance, en refusant de « faire corps » avec elles, on éloigne leur nocivité. La méditation se pratique les yeux fermés. Il s’agit de focaliser son attention sur quelque chose – la respiration, une partie du corps… – sans se laisser distraire par ses pensées ou par des stimuli extérieurs,
pour maintenir l’attention sur l’objet de la concentration. L’exercice peut paraître difficile, mais une pratique régulière permet de progresser, procurant un grand calme intérieur.

Pour quoi ?
La méditation améliore la concentration, la confiance en soi, réduit le stress, les crises d’angoisses. Elle est adaptée aux malades chroniques (cancer, dépression…).

Où s’adresser ?
De nombreux centres permettent de s’initier. Certains sont religieux, bouddhistes ou chrétiens. Si vous ne souhaitez pas ce type d’environnement, optez pour les pratiques laïcisées, celles qui privilégient la pleine conscience. L’idéal est, à terme, de pratiquer seul… Cinq minutes par jour peuvent suffire, estime le psychiatre Christophe André, qui a démocratisé la discipline en France. L’important étant d’être régulier.

Que dit la science ?
Des chercheurs de l’Inserm ont étudié les effets de la méditation sur le vieillissement. 73 personnes âgées de 65 ans en moyenne ont passé des examens d’imagerie cérébrale. Parmi elles, les « experts en méditation » (entre 15 000 et 30 000 heures de pratique ) présentaient des différences significatives dans certaines régions du cerveau. En permettant une réduction du stress, de l’anxiété, des émotions négatives et des problèmes de sommeil, la méditation aurait un effet positif sur le vieillissement cérébral. Les chercheurs s’attellent maintenant à comprendre les mécanismes en oeuvre.

Pour en savoir plus :

3 minutes à méditer, Christophe André, éd. Iconoclaste, 19,90 euros. Méditez avec nous, Christophe André, éd. odile Jacob, 24,50 euros. On trouve de nombreuses vidéos sur Internet. Il existe aussi des livres avec CD ou liens MP3.

Acupuncture, ces aiguilles qui soulagent

C’est quoi ?
L’acupuncture est une branche de la médecine chinoise qui consiste à introduire sous la peau des aiguilles en métal– non cela ne fait pas mal. Stériles et jetées après chaque consultation, elles piquent le corps à des endroits bien précis afin de rétablir son équilibre énergétique. D’autres méthodes peuvent être utilisées pour stimuler ces zones (électro-stimulation, ventouses ou massage shiatsu). L’acupuncture repose sur un concept essentiel en médecine chinoise (que l’on retrouve dans le qi gong et le yoga), celui de flux d’énergie (qi ou chi) qui circule dans l’organisme. S’il est fluide, nous restons en bonne santé. S’il se bloque,
les maladies apparaissent. Ce courant énergétique utilise pour se déplacer 12 lignes nommées « méridiens ». Par l’intermédiaire
de points situés sur leur trajet, on peut agir sur les organes en stimulant ou en inhibant leur fonctionnement selon les besoins.

Pour quoi ?
L’acupuncture peut avoir un effet bénéfique sur les allergies, la constipation, les douleurs dentaires, inflammatoires ou articulaires, l’eczéma, l’arthrose, la migraine, les sinusites, les troubles gastriques ou encore la dépression, le stress ou les états anxieux. On l’utilise aussi pour l’arrêt du tabac.

Où s’adresser ?
Seuls les médecins titulaires du diplôme universitaire d’acupuncture peuvent pratiquer cette médecine remboursée par la Sécurité sociale, sur la base d’une consultation classique. Le coût d’une séance varie de 40 à 80 €. Plusieurs services hospitaliers l’utilisent, comme le Chu de Strasbourg en obstétrique ou l’hôpital de Villejuif pour des patients en chimiothérapie. Il y aurait actuellement 4 000 médecins diplômés et un nombre non précisé de sages-femmes (ainsi que 200 vétérinaires). Les kinésithérapeutes pratiquant le massage tui na (qui s’appuie sur les points d’acupuncture) seraient environ 2 000. Attention, 5 000 personnes exerceraient illégalement l’acupuncture (sans diplôme).
www.acupuncture-france.com

Hypnose, un état modifié de conscience

C’est quoi ?
L’hypnose est un état modifié de conscience (Emc). Le patient entend ce qui se passe autour de lui mais ne peut
agir. Il ne ressent ni stress, ni douleur. Il est concentré sur la voix du thérapeute qui a sur lui un pouvoir de suggestion.

Pour qui ?
Tout le monde peut bénéficier de cette technique qui peut même se pratiquer sous forme d’auto-hypnose,
efficace pour les personnes souffrant de douleurs chroniques.

Pour quoi ?
Extractions de dents, biopsies, accouchements… De plus en plus d’hôpitaux utilisent l’hypnose en complément d’une anesthésie. Dans certaines interventions, la sédation hypnotique peut même remplacer l’anesthésie générale. De nombreuses études démontrent que, après une opération sous hypnose, la douleur, les nausées et la fatigue sont moindres. L’hypnose agirait vraiment contre la douleur, serait de très bonne indication pour les phobies, les addictions, les difficultés psychologiques et le stress post-traumatique.

Comment ça marche ?
Le praticien « déconnecte » le patient de sa problématique. En pratiquant la suggestion, il remplace, dans le cas d’une addiction, la sensation de désir par celle de rejet. Dans le cas d’une phobie, il fait, par la visualisation, vivre au patient la situation déplaisante. La suggestion permet, sinon de la lui rendre agréable, du moins supportable. Idem pour la douleur qui devient moins aiguë.

Où s’adresser ?
Un diplôme universitaire a été créé pour les médecins et les chirurgiens-dentistes. Une dizaine d’universités le proposent. Si vous devez subir une intervention chirurgicale, renseignez-vous pour savoir si l’établissement de soins pratique l’hypnose et si vous pouvez y recourir. Hors chirurgie, en cabinet libéral, il faut compter entre 50 et 80 € la séance. Ce type de soin n’est pas pris en charge par l’assurancemaladie, cependant certaines mutuelles ou contrats prévoient un forfait pour les médecines alternatives
complémentaires. Renseignez-vous auprès de la vôtre.

Qi gong, une gymnastique énergétique

C’est quoi ?
Créé en Chine il y a plus de deux mille ans, le qi gong est une gymnastique traditionnelle fondée sur la maîtrise de l’énergie vitale. Elle associe des mouvements lents et fluides à des exercices respiratoires et de concentration. Le terme signifie littéralement « exercice (gong) relatif à l’énergie (qi) ».

Pour qui ?
Pour tous. Le qi gong est particulièrement conseillé quand on a des difficultés à mener une activité physique (personnes âgées, malades chroniques). En Asie, on peut voir dans les parcs,de nombreux retraités, très âgés, le pratiquer. Il ne nécessite aucun équipement, peut être exécuté n’importe où (à l’intérieur ou à l’extérieur).

Pour quoi ?
Il permet de garder une bonne densité osseuse, a des effets bénéfiques sur le système cardio-pulmonaire et la pression artérielle, donne un meilleur équilibre et donc réduit les chutes des personnes âgées. Il est parfait pour diminuer le stress et renforcer les défenses du système immunitaire par un déblocage énergétique qui se répand dans tout le corps. Enfin, il améliore la circulation sanguine et le drainage lymphatique.

Où pratiquer ?
Dans des centres sportifs, sous forme de stages. De nombreux professeurs proposent aussi des séances dans des parcs publics, en plein air, ou l’été sur les plages.
www.federationqigong.com/où-pratiquer-22-fr.html