La contraception est aussi une affaire d’hommes 

La contraception est aussi une affaire d'hommes
Bien que peu médiatisées, plusieurs techniques de contraception masculine efficaces existent depuis un certain temps. ©123RF

Soucieuse de faire évoluer le débat sur les sujets sociétaux, Mutuelle Entrain organise, le jeudi 8 décembre à Marseille, une conférence sur la contraception à la fois féminine et masculine. 

« La contraception concerne les hommes tout autant que les femmes. Et j’aimerais que les hommes s’intéressent davantage à celle de leur(s) partenaire(s), confie Gersende Marceau », sage-femme. Cette militante au Planning familial de l’Hérault interviendra à la tribune de la conférence proposée le 8 décembre à Marseille, par Mutuelle Entrain. « Mais il est tout aussi important qu’ils découvrent les méthodes qui leur sont spécifiquement destinées », précise-t-elle. Bien que peu médiatisées, plusieurs techniques de contraception masculine existent depuis un certain temps.

Parmi ces méthodes : la vasectomie ou encore l’injection hebdomadaire de testostérone. Ici, l’objectif est de bloquer la production de spermatozoïdes. Mais ce procédé hormonal n’est pas encore reconnu par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Et son coût, qui est d’environ 40 euros par mois, n’est pas remboursé. « On peut également citer la méthode thermique. Elle vise à remonter les testicules en position haute à l’aide d’un sous-vêtement adapté, ajoute Gersende Marceau. Dans la chaleur interne du corps, la production de spermatozoïdes cesse après quelques mois. » 

Peu d’effets secondaires constatés 

Si seuls de rares effets secondaires ont pu être constatés, l’experte reconnaît que la contraception masculine n’a fait l’objet que de peu d’études scientifiques, et seulement sur de petits échantillons de personnes. « La recherche avance peu, car l’Etat n’y alloue pas de budget », déplore-t-elle. Un désintérêt qu’elle explique par « la faible pression sociale qui pèse sur les hommes. La société attend moins d’un père que d’une mère. On ne verra donc pas d’élan revendiquant l’accès à la contraception masculine, comme ce fut le cas dans les années 1960 avec les femmes ». 

Elan ou pas, la France accuse un réel retard sur ses voisins. « Environ 2 % des hommes français ont eu recours l’an passé à l’une de ces contraceptions. C’est deux fois plus qu’en 2017, mais on est encore loin des taux de 20 % observés en Angleterre, en Australie ou en Espagne, souligne Gersende Marceau. La société française est très patriarcale et notre pays a une politique nataliste affirmée. Mais cela ne doit pas empêcher les hommes d’évoluer sur ces questions ni de s’interroger sur leurs responsabilités en matière de contraception masculine comme féminine. » 

Table-ronde sur la contraception :
le jeudi 8 décembre 2022 de 9 heures à midi, au centre Mistral, 11 impasse Flammarion à Marseille.

L’IVG, un acquis qui reste fragile
Avec 223 300 IVG (interruptions volontaires de grossesse) enregistrées en France en 2021, le nombre d’avortements reste stable depuis une dizaine d’années. Cependant, le recours à l’IVG diminue chez les 19 ans et moins. Meilleure maîtrise de la contraception ou évolution des mentalités ? Il est encore trop tôt pour trancher. « On sait aussi que l’accès à l’IVG à la campagne est de plus en plus compliqué, précise Gersende Marceau, sage-femme. En France, le climat politique actuel favorise l’accès à la contraception, mais il faut rester vigilants. Le délai légal pour avorter venant juste d’être allongé à seize semaines d’aménorrhées, de nombreux soignants n’appliquent pas encore la loi. On sait aussi ce qui se passe aux Etats-Unis, et l’Europe suit souvent leurs pas. La constitutionnalisation du droit à l’IVG sécuriserait un peu son accès. Il faut savoir que ce droit est toujours l’un des premiers à “ sauter ” lors de graves crises socio-économiques, de guerres, ou à l’arrivée du fascisme au pouvoir. »