Dépistage organisé des cancers : peut mieux faire

Mamographie
Mammographie, dépistage du cancer du sein 123RF©

Les dépistages organisés atteignent-ils leurs objectifs ? Non, répond l’Igas dans un rapport commandé par le ministère de la Santé. Explications.

En France, la population peut bénéficier de trois programmes de dépistages. Mais la participation n’est pas au rendez-vous, explique dans un rapport l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), publié fin mai. Il est temps de les réformer. L’instance appelle à revoir le pilotage et l’organisation. Selon l’autorité de santé, il faudrait plus « aller vers les populations concernées et renforcer les outils numériques ».

Participation en baisse

Les objectifs de ces programmes de dépistage nationaux ne sont pas atteints, « au regard des moyens alloués (600 millions d’euros) et des objectifs fixés au niveau national », précise les rapporteurs. Le bilan de l’Igas est donc très mitigé.

La participation de la population cible aux dépistages organisés du cancer du sein (mis en place en 2004) et du cancer colorectal (2008) stagne, voire baisse depuis 2018-2019. Alors que l’objectif européen est de 70 % de participation pour le cancer du sein, le taux national français en 2019 est de 42,8 % ; il est de 28,9 % pour le cancer colorectal, alors que la cible européenne acceptable est de 45 %.

Et ceci, avec d’importants écarts territoriaux, pointe l’Igas. Quant au dépistage du cancer du col de l’utérus, le taux de participation (58,2 %) est proche de l’objectif national (58,7 %), mais loin derrière les bons élèves européens (Irlande, Royaume-Uni, République tchèque à plus de 75 %).

Organisation à revoir

  • Les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers, CRCDC, créés le 1er janvier 2019 sont à bout de souffle.

L’Inspection déplore la trop faible efficience des 17 CRCDC, associations régionales. Elles sont minées par des réorganisations internes et confrontées à des problèmes d’effectifs. Certaines réorganisations discutées de longue date n’ont pas été mises en œuvre.

Comme :

  • le transfert des invitations et relances à la Cnam,
  • la dématérialisation de la seconde lecture des mammographies
  • et la constitution d’un système d’information national pour traiter les données. Trois chantiers que l’Igas recommande de reprendre, au niveau national, en lien avec la direction du numérique en santé.

L’Igas réfléchit aussi à confier aux CRCDC le suivi des personnes non intégrées au dépistage et une démarche globale de prévention primaire des cancers.

Faire face aux enjeux de la stratégie décennale

Un coup d’accélérateur doit être donné à ces dépistages. Une meilleure organisation doit être pensée, pour faire face aux enjeux de la stratégie décennale de lutte contre les cancers, lancée par Emmanuel macron en février 2021. Celle-ci a pour objectif de réaliser un million de dépistages supplémentaires à l’horizon 2025 (9 millions étant réalisés chaque année), tout en luttant contre les inégalités d’accès qu’elles soient territoriales ou sociales.