Cancer du sein : des polluants atmosphériques mis en cause

Pollution atmosphérique sur une ville
Des polluants présents dans l'air seraient responsables d'une augmentation du cancer du sein 123RF©

D’après une récente étude française, le fait d’être exposé à certains polluants de l’air pourrait augmenter le risque de cancer du sein.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme (58 500 nouveaux cas en France en 2020).

Inca

Dans l’étude baptisée Xenair, les chercheurs ont travaillé sur l’association entre l’exposition chronique à faible dose à huit polluants atmosphériques et le risque de survenue de cancer du sein.

« Il s’agit de la première étude analysant l’effet individuel de ces huit polluants sur le risque de cancer du sein avec une estimation des expositions à une échelle fine et tenant compte de l’histoire résidentielle des sujets sur 22 ans », lit-on dans la présentation de l’étude.

Cinq polluants sur huit sont responsables

Les chercheurs ont travaillé sur 5 222 cas de femmes ayant un cancer du sein diagnostiqués entre 1990 et 2011 et ont regardé leur exposition moyenne à huit polluants différents, puis ont comparé les résultats avec 5 222 autres femmes qui n’ont pas développé de cancer du sein. Pour chaque polluant, des expositions moyennes et cumulées ont été estimées pour chaque femme, en tenant compte notamment des lieux d’habitation.

Sur les huit polluants : cinq sont responsables d’une augmentation du risque de cancer du sein. Le dioxyde d’azote, émis par le trafic routier ainsi que les appareils au gaz utilisés dans les habitations, ferait augmenter ce risque d’environ 9% en cas de forte exposition.

Dioxyde d’azote : déjà une méta-analyse parue en 2021 pointait la responsabilité de ce polluant, estimant qu’environ 1 700 cancers du sein chaque année en France pourraient être liés à son exposition.

Xenair

Idem pour les particules fines PM10 et PM25 qui font respectivement augmenter le risque de 8 % et 13 %. Le benzopyrène et le polychlorobiphényles feraient augmenter le risque de 15 et 19 %.

Aucune association n’a été mise en évidence pour le cadmium et les dioxines, et les analyses sont en cours pour l’ozone.

Améliorer la qualité de l’air

Près de 10 % des cancers seraient évitables grâce à une amélioration de l’air, avancent les chercheurs. Certes, l’exposition aux polluants des femmes suivies a diminué depuis 1990, ozone excepté. Mais les niveaux d’exposition pour les dioxydes d’azote et les particules fines restent largement supérieurs aux recommandations sanitaires, note l’étude Xenair.

Avec des niveaux d’exposition conformes aux seuils européens pour le dioxyde d’azote (40 µg/m3), « 1 % des cancers du sein de la population Xenair auraient pu être évités » et, avec des niveaux conformes aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (10 µg/m3), le chiffre atteint « près de 9 % », selon les chercheurs.

Cet investissement est essentiel pour prévenir la maladie et pourrait être compensé par les économies en matière de traitement, de prise en charge et de coût pour la société par les cancers évités, conclut l’étude. 

Etude Xenair : le département Prévention cancer environnement du centre Léon Bérard a présenté les résultats de l’étude Xenair, financée par la Fondation Arc. Il s’agit d’une étude de grande envergure dont l’objectif était d’étudier l’association entre le risque de cancer du sein et l’exposition chronique à faible dose à huit polluants atmosphériques.
Les polluants étudiés : - dioxines, benzo[a]pyrène (BaP), PCB, cadmium - et des polluants auxquels l’exposition est quotidienne - particules fines (PM10 et PM2,5), dioxyde d'azote (NO2), ozone (O3).