
Depuis plusieurs années, certains cancers comme ceux de la sphère digestive, du côlon, du pancréas et de l’estomac sont en hausse chez les jeunes adultes. Pourquoi ? Quelques éléments de réponse.
Entre 1990 et 2019, le nombre de cas de cancers chez les moins de 50 ans a augmenté de presque 80 %, selon une étude internationale publiée en 2023 dans le British Medical Journal.
Et entre 2022 et 2050, le nombre de nouveaux cas de cancers et de décès chez les moins de 40 ans devrait encore progresser de 12 %, selon une autre publication parue en décembre dernier dans la revue médicale Lancet Oncology.
Quels cancers ?
L’Institut Gustave Roussy à Villejuif (94) constate qu’entre 1998 et 2017, les femmes âgées de 20 à 39 ans ont plus de « risques » d’attraper des cancers colorectaux (+ 5,4 %), du pancréas (+ 4,3 %) et du sein (+ 1,7 %). Dans la même tranche d’âge, chez les hommes, ce sont les cancers du pancréas (+ 5,4 %) et du rein (+ 5,3 %) qui enregistrent les progressions les plus marquées.
En France, environ 15 000 personnes entre 20 et 40 ans ont été touchées par un cancer, en 2022, rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pourquoi ?
La hausse du dépistage pour certains cancers diagnostiqués assez tôt ou les prédispositions génétiques ne sont pas les seules pistes. Les différentes études convergent vers d’autres hypothèses. La mauvaise alimentation avec beaucoup de produits ultratransformés, ainsi que la consommation d’alcool et de tabac, en particulier chez les 40-50 ans, ont un impact significatif sur l’augmentation des cancers dans cette tranche d’âge. La sédentarité, le surpoids et l’obésité jouent également un rôle. Les facteurs environnementaux (perturbateurs endocriniens, utilisation de pesticides notamment…) sont également en cause.
La piste du vieillissement prématuré
Lors du congrès annuel de l’American Association for Cancer Research, en avril 2024, des chercheurs ont présenté une autre hypothèse : celle du vieillissement accéléré des cellules. Ils ont observé que ce phénomène était plus fréquent chez les jeunes adultes que chez les générations précédentes et qu’il était « associé à une incidence accrue de tumeurs solides à apparition précoce ». Les raisons sont multiples et non encore élucidées par de grandes études épidémiologiques. Mais des facteurs environnementaux, surtout pour les cancers digestifs, l’alimentation ultra transformée, sont ici encore pointés du doigt.
Programme YODA de l’Institut Gustave Roussy
Face à cette augmentation inquiétante des cas, l’Institut Gustave Roussy, a lancé le le projet YODA (Young Onset Digestive Adenocarcinoma), qui vise à explorer certains facteurs méconnus liés à l’apparition précoce des cancers digestifs chez les moins de 50 ans.
Il permettra d’identifier les personnes à risque et de leur proposer des stratégies de prévention personnalisées. L’objectif est d’évaluer l’impact potentiel de la pollution environnementale, de la nutrition et du mode de vie dans la survenue des cancers digestifs à apparition précoce.