Les cancers du poumon et du pancréas, principalement liés au tabac, sont de plus en plus nombreux chez les femmes. Une hausse « préoccupante » d’après l’Institut national du cancer, qui vient de réaliser une étude.
Tandis que chez les hommes, les cancers les plus fréquents (prostate, poumon, colorectal) se stabilisent voire diminuent, les cancers du poumon et du pancréas connaissent « une augmentation préoccupante » chez les femmes, selon le panorama 2024 de l’Institut national du cancer (INCa), publié le 26 septembre 2024.
Tabac et obésité en cause
Le panorama 2024 publié par l’INCa montre qu’entre 2010 et 2023, le nombre de cancers du poumon chez les femmes a augmenté de 4,3 % par an et de 2,1 % par an pour ce qui concerne le cancer du pancréas. En cause, le vieillissement de la population mais surtout le tabagisme.
En effet, depuis les années 1970/1980, la consommation de tabac chez les femmes n’a cessé d’augmenter. Or, le tabagisme est un facteur de développement du cancer du poumon. « 80 % des cancers du poumon sont attribuables au tabac », précise l’étude. Toutes les formes de tabac sont concernées (cigarettes, cigares, cigarillos, narguilé, cannabis, etc.). Le tabagisme passif accroît également le risque de cancers.
Autres facteurs mis en cause : la surcharge pondérale et le manque d’exercice physique. L’INCa note que la sédentarité est beaucoup plus importante aujourd’hui qu’il y a vingt ou cinquante ans. Tous ces facteurs de risque valent aussi pour le cancer du pancréas.
Prévention et dépistage
Les cancers du poumon, du pancréas et du foie sont les plus meurtriers et d’un pronostic très défavorable. La prévention et les dépistages sont « deux armes essentielles dans la lutte contre la maladie », affirme l’INCa. Au fil des ans, la mortalité liée aux cancers en général a globalement diminué grâce à des détections plus précoces et aux traitements plus efficaces.
Les chimiothérapies sont mieux tolérées, les chirurgies moins invasives. La prise en charge des cancers a beaucoup évolué : on s’occupe mieux de la douleur, de la nutrition des patients, de leur suivi psychologique. On s’est aperçu également que l’activité physique pendant et après était un élément important pour mieux contrôler la maladie.
Mais, il reste des progrès à faire. L’institution serait favorable à un dépistage organisé du cancer du poumon. Aux Etats-Unis, c’est déjà le cas et ce dépistage organisé a contribué à faire diminuer la mortalité. En France, plusieurs essais cliniques de grande envergure ont montré l’efficacité du scanner thoracique à faible dose chez les fumeurs et anciens fumeurs, permettant une diminution significative de la mortalité spécifique par cancer du poumon.
De son côté, la Haute autorité de santé a considéré que les preuves étaient suffisantes pour que soit engagé un programme pilote de dépistage des cancers du poumon. Reste à organiser les modalités et l’organisation.
Cancers, état des lieux
Les cancers les plus fréquents restent, chez les hommes, les cancers de la prostate (59 885 cas), du poumon (33 438 cas), du côlon et du rectum (26 212 cas). Chez les femmes, ce sont les cancers du sein (61 214 cas), colorectal (21 370 cas) et du poumon (19 339 cas), selon la quatrième édition du panorama des cancers.