Vers un encadrement de l’exposition des enfants aux écrans ?

Un rapport d’experts alerte sur la réalité de l’hyperconnexion subie des enfants et les conséquences pour leur santé et leur développement. ©123RF
Un rapport d’experts alerte sur la réalité de l’hyperconnexion subie des enfants et les conséquences pour leur santé et leur développement. ©123RF

Suite à la remise du rapport sur les conséquences de l’exposition des enfants aux écrans, le gouvernement doit faire des propositions concrètes. Le document recommande notamment d’interdire leur accès aux moins de trois ans.

Les ministres ont jusqu’à la fin du mois de mai pour « traduire en actions » les recommandations du rapport sur l’exposition des plus jeunes aux écrans. Sur le réseau social X, Emmanuel Macron a en effet donné cette échéance au gouvernement pour présenter des propositions concrètes sur « le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe ». Le président a également rappelé dans son message avoir lui-même commandé cette étude, qui a fait grand bruit lors de sa diffusion le 30 avril dernier.

Un usage progressif selon l’âge

Médecins, scientifiques, professionnels de l’éducation, les membres de la commission ont remis un document de 142 pages détaillant leurs préconisations. Parmi elles, l’interdiction d’exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans a fait beaucoup réagir. Le rapport recommande en effet un accès progressif, selon l’âge des enfants.

  • Avant trois ans, « ne pas exposer les enfants ».
  • Jusqu’à six ans, un usage toujours « déconseillé », ou « fortement limité, occasionnel, avec des contenus à qualité éducative, et accompagné par un adulte ».
  • Après six ans, « une exposition modérée et contrôlée ».
  • A partir de 11 ans seulement, laisser les enfants disposer d’un téléphone, mais sans que celui-ci soit connecté à Internet.
  • A partir de 13 ans seulement, ils pourraient avoir un téléphone connecté, mais sans accès aux réseaux sociaux.
  • Et enfin, à 15 ans, pouvoir accéder aux réseaux sociaux, mais seulement à ceux pourvus « d’une conception éthique ».

« S’attaquer aux conceptions addictogènes »

Après avoir auditionné de nombreux spécialistes, la commission a également largement insisté sur la nécessité d’encadrer les usages des professionnels du secteur. Et en premier lieu de « s’attaquer avec force aux conceptions addictogènes et enfermantes de certains services numériques, pour les interdire ».

Quelques jours avant la parution du rapport, le 24 avril 2024, TikTok avait annoncé à ce sujet supprimer sa dernière fonctionnalité. Cette dernière valorisait les utilisateurs en fonction du temps passé sur l’application. La décision du réseau social faisait suite aux avertissements de la Commission européenne sur la menace d’addiction qui en résultait.

Conséquences néfastes sur la santé

En s’entretenant avec les professionnels de santé, et en consultant les publications scientifiques, la commission chargée du rapport a pu lister les nombreux risques de l’exposition des plus jeunes aux écrans. Parmi les « conséquences néfastes » observées figurent « les déficits de sommeil, la sédentarité, le manque d’activité physique, l’obésité et l’ensemble des pathologies chroniques qui en découlent, ainsi que les problèmes de vue ».

Des parents dépassés

La prévention à cette utilisation mais également l’accompagnement des parents semblent nécessaires puisque 40 % d’entre eux reconnaissent être « dépassés par l’usage des écrans » que peuvent avoir leurs enfants, selon un sondage Ifop paru en février dernier. Et selon une autre enquête diffusée en avril par le Centre national du livre (CNL) et réalisée avec l’institut Ipsos, les jeunes Français âgés de 7 à 19 ans, passent pas moins de 3 heures et 11 minutes par jour sur les écrans…