Vers un dépistage organisé du cancer du poumon ?

Cancer du poumon
Vers un dépistage organisé du cancer du poumon ? 123RF©

Est-il judicieux de lancer un dépistage organisé du cancer du poumon en France ? Oui, répond la Haute autorité de santé (HAS) qui a donné un avis favorable à une expérimentation.

Il n’existe pas en France de dépistage organisé du cancer du poumon, comme pour le cancer du sein ou colorectal. Pourtant, ce cancer tue plus de 33 000 personnes par an.

Il est en forte augmentation chez les femmes. Huit fois sur dix, le tabac est à l’origine de la maladie.

C’est pourquoi, à la lumière des nouvelles données disponibles, qui montrent la réduction de la mortalité, la Haute autorité de santé (HAS) a donné un avis favorable à l’expérimentation d’un dépistage organisé.

Un dépistage pour qui ?

Un dépistage du cancer du poumon par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac, sera bientôt proposé, piloté par l’Institut national du cancer (INCa).

Qui est concerné ? Ce dépistage s’adressera aux fumeurs, ou aux personnes exposées au tabagisme passif. D’autres modalités restent à définir, comme la tranche d’âge et le rythme des examens.

Pour quoi faire ?

Le but est de dépister précocement la maladie et de réduire la mortalité.

D’après la HAS, on pourrait observer une diminution significative de la mortalité spécifique de ce cancer, de l’ordre de 5 vies sauvées pour 1000 personnes dépistées.

Un résultat intéressant dans le cas du cancer du poumon dont le pronostic est d’autant plus sombre qu’il est détecté à un stade tardif.

La survie à 5 ans n’est ainsi que de 4 % pour une détection au stade IV de ce cancer. Stade auquel il est aujourd’hui diagnostiqué dans 40 % à 55 % des cas.

Ces résultats restent toutefois à confirmer dans de plus grandes analyses.

Les modalités du dépistage

Dans le cas du cancer broncho-pulmonaire, l’examen de dépistage est un scanner thoracique à faible dose sans injection, technique d’imagerie aussi appelée tomodensitométrie. En cas d’anomalie, le bilan diagnostique comportera des examens complémentaires.

Le dépistage organisé en débat

Mais l’idée d’un dépistage national du cancer du poumon fait débat. Car, recommander un dépistage à une population, certes à risque mais ne présentant pas de symptômes, peut poser questions. Car, si les bénéfices sont bien documentés les « dommages possibles liés au surdiagnostic et aux faux positifs, pouvant générer une anxiété, sont à prendre en compte », avertit la HAS.

Surdiagnostic : diagnostic de lésions cancéreuses indolentes, c’est-à-dire qui n’auraient pas évolué ou de cancers qui ne seraient jamais devenues symptomatiques.

L’expérimentation du dépistage sera l’objet de nombreuses études visant ou pas à la généraliser.

Il faudra notamment que ce dépistage soit accepté par la population cible pour permettre d’atteindre un taux de participation suffisant.

Qu’il soit accessible partout sur le territoire et pour les populations dites vulnérables ou les personnes éloignées du système de santé pour d’autres raisons.

De plus, chaque personne doit pouvoir bénéficier d’une information complète et neutre sur les avantages, les limites et les inconvénients possibles du dépistage afin de prendre une décision éclairée.

Enfin, l’impact économique d’un dépistage systématique du cancer broncho-pulmonaire, devra être étudiés. Sera-t-il contrebalancé par la diminution de la létalité de la maladie ?

Le cancer du poumon (appelé aussi cancer broncho-pulmonaire) est le cancer qui occasionne le plus de décès chaque année en France (plus de 33 000). Souvent diagnostiqué à un stade tardif, il est également l’un des cancers de plus mauvais pronostic avec un taux de survie à 5 ans de 20 %. Chez l’homme âgé de 45 à 64 ans, il représente la première cause de décès, toutes causes confondues. Il est en forte progression chez la femme. Le tabac est responsable de huit cancers du poumon sur dix.