En plein examen par les sénateurs du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour l’année 2025, la ministre de la Santé a annoncé une diminution des prises en charge. Les consultations médicales et les médicaments seront donc moins remboursés. Associations de patients et mutuelles ont exprimé leur désapprobation face à cette décision gouvernementale.
Les sénateurs étaient réunis pour examiner le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) de l’année 2025. Devant eux, la ministre de la Santé est montée à la tribune pour faire une annonce. Une déclaration inattendue et pourtant lourde de conséquences pour l’accès aux soins. A propos du budget en cours d’étude, Geneviève Darrieussecq a fait part des dernières décisions du gouvernement. Précisant ainsi la baisse de la prise en charge annoncée dans le dossier de presse présentant le PLFSS.
Augmentation du reste à charge
Actuellement, la Sécurité sociale rembourse 70 % du coût d’une consultation médicale. La locataire de l’avenue Duquesne a indiqué que ce pourcentage serait abaissé à 65 %. Ce qui signifie que les patients devront payer une plus grande partie de leurs soins. Le «ticket modérateur», c’est-à-dire le montant restant à la charge du patient, augmente donc de 5 %. Et les malades devront s’en acquitter soit directement s’ils n’ont pas de complémentaire santé, soit par le biais de leur mutuelle.
Consultations et médicaments
La ministre a ensuite détaillé une autre baisse importante de remboursements. «Le ticket modérateur sur les médicaments augmentera, lui, de 5 %», a-t-elle révélé. Comme pour les consultations médicales, la part non remboursée par la Sécurité sociale sera donc plus importante sur ces produits de santé. Cette mesure, qui prendra également effet en 2025, intervient alors que les franchises ont déjà été doublées.
Inquiétudes
A la suite de ces déclarations, les acteurs du monde de la santé ont fait part de leurs inquiétudes et de leur incompréhension face à ces décisions qui impactent directement le budget des ménages. Les patients qui n’ont pas de complémentaire santé devront en effet payer directement de leur poche le montant non remboursé. Et ceux qui ont une mutuelle vont voir leur cotisation augmenter. Car pour compenser la baisse de ces prises en charge par la Sécurité sociale, et donc la hausse de leurs prestations, les organismes complémentaires ont annoncé devoir procéder à une augmentation de leurs tarifs.
«Vase communiquant»
Lors de la divulgation du PLFSS, la Fédération nationale de la Mutualité Française (FNMF) avait fait part de son mécontentement à propos de ces «transferts» de charges. «Les mutuelles (…) devront les répercuter sur les cotisations. Les transferts relèvent d’une logique de vase communiquant entre la dépense publique et la dépense privée. Ils ne règlent pas le problème de fond et ne répondent pas au besoin d’une réforme structurelle.»
«Conséquences délétères»
Autre fédération mutualiste, les Mutuelles de France ont également dénoncé «la situation préoccupante du système de santé et de protection sociale et l’explosion des inégalités et de la pauvreté.» En alertant sur «les conséquences délétères pour l’accès aux soins du nouveau transfert de la Sécurité sociale vers les mutuelles et donc les ménages.»
«On tape sur les usagers»
Du côté des associations, les réactions ont également été virulentes. France Assos Santé, l’organisation de représentation des patients et des usagers, a immédiatement réagi aux annonces de la ministre. «En fin de compte, on tape sur les usagers, qui ne pourront pas tous supporter des augmentations de coûts des complémentaires santé», a regretté Gérard Raymond, son président. «Les nouvelles mesures du gouvernement viendraient donc alourdir encore un peu plus les nombreux coûts de la santé. La solution de facilité visant à faire payer les patients et les usagers du système de santé constitue une violation de nos principes fondamentaux d’accès à la santé.»