Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, texte déterminant du financement du système de santé, est débattu au Parlement, tous les marqueurs de l’accès aux soins sont au rouge. Les dernières études et données témoignent en effet d’une aggravation de la crise.
La santé en tête des préoccupations des Français
Contrairement aux obsessions sécuritaires des discours médiatiques et politiques, la question de l’insécurité est loin d’arriver en tête des préoccupations des Français. La principale d’entre elles se trouve être la santé. Ce résultat figure dans une enquête dévoilée à l’automne par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), et menée avec l’Ipsos. Ainsi, 40 % des personnes interrogées citent ce sujet parmi les trois plus importants à leurs yeux. « Cette préoccupation devance ainsi celle pour leur pouvoir d’achat », informe le CESE.
Détachement démocratique
Parmi les inquiétudes liées à leur santé, les Français évoquent majoritairement les difficultés rencontrées pour pouvoir se faire soigner. Or, selon le rapport : « Ce point est important, car il s’avère également qu’un accès moindre aux services pèse négativement sur l’attachement à la démocratie. »
43 500 lits d’hôpital fermés
Autre donnée éclairante, celle concernant les possibilités d’accueil à l’hôpital vient également d’être dévoilée. D’après une étude publique, les capacités hospitalières continuent de se réduire… La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a en effet annoncé qu’« en 2023, le recul du nombre de lits en état d’accueillir des patients se poursuit ». Selon la Drees, 43 500 lits d’hospitalisation ont été fermés en dix ans, dont 4 900 en 2023 dans les établissements de santé publics et privés.
Toujours moins de médecins généralistes
A ces problèmes de moyens s’ajoutent également ceux concernant la pénurie des professionnels de santé. Selon le Journal officiel, il y a cette année 1 510 postes d’internes en médecine de moins qu’en 2023. Cette baisse de 16 % a été dévoilée l’été dernier, et prend effet au mois de novembre. Pour rappel, 8 millions de personnes en France vivent déjà dans un désert médical.
Zones rurales sous-dotées
A ce sujet, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a diffusé ses dernières données concernant les médecins généralistes libéraux. Et leur installation sur le territoire « ne correspond pas à la répartition de la population. Ils sont davantage concentrés dans les aires d’attraction des villes de province de plus de 200 000 habitants. »
Or, les zones rurales s’avèrent sous-dotées en termes de soins de premier recours. Selon l’Association des maires ruraux de France (AMRF) : « 63 % des ruraux manquent de médecins généralistes ».
Frais de santé non remboursés
L’autre difficulté rencontrée par les malades se trouve également dans les frais liés à leur santé. Les usagers doivent en effet payer de leur poche de plus en plus de soins. Ainsi France Assos Santé, organisation de représentation des patients et des usagers, a révélé les résultats de son enquête menée auprès des personnes malades chroniques, en situation de handicap ou de perte d’autonomie sur « les restes à charge invisibles ».
Il s’agit des « frais non remboursés, ni par la Sécurité sociale ni par les complémentaires santé ». Selon l’association, ils s’élèvent à « 1 557 euros en moyenne par an et par personne. Et jusqu’à plus de 8 200 euros pour les 10 % qui déclarent le plus de frais liés à leur santé. »