Depuis sa création en 1945, la Sécu fera constamment l’objet d’attaques visant à la fois ses prestations et sa gestion démocratique par les usagers. Aujourd’hui ces deux piliers sont fragilisés au point de faire vaciller le système de santé. Or, pour Simon Arambourou membre du Collectif Nos Services Publics, il est possible de restaurer notre système de protection sociale en revenant à ses principes fondateurs.
Créée en 1945, la Sécurité sociale fêtera bientôt ses 80 ans. Quel regard portez-vous sur cette institution aujourd’hui ?
Simon Arambourou : Il s’agit d’un anniversaire peu joyeux, compte tenu des attaques continues dont la Sécurité sociale fait l’objet. Leur accumulation dégrade la qualité de l’offre et l’accès aux soins, comme le démontre la crise hospitalière notamment due au manque de moyens alloués à l’hôpital. Notre collectif, qui est constitué de fonctionnaires et d’usagers engagés dans la défense des services publics, alerte justement sur la situation de la Sécu et la nécessité de renouer avec l’esprit qui avait présidé à sa création.
Quel est son principe fondateur ?
S. A. : A l’origine, il s’agissait de protéger la population contre les risques sociaux, la vieillesse, la maladie et les accidents du travail en la faisant cotiser « selon ses moyens et en recevant en fonction de ses besoins ». C’est une prise en charge égalitaire qui n’a rien à voir avec une assurance. Au sein d’un système assurantiel, plus vous risquez de développer des pathologies coûteuses à prendre en charge, plus votre cotisation sera élevée.
Au contraire, l’idée de la Sécu est de dire que nous ne cotisons pas en fonction du risque que nous représentons, mais en fonction de nos ressources. Par ailleurs, ce qui en fait un modèle unique au monde, en 1945, c’est son ambition universelle de couvrir toute la population combinée au choix d’une gestion démocratique par les cotisants, grâce à un financement bien spécifique indépendant du budget de l’Etat.
En quoi ce modèle est-il distinct des autres systèmes de protection sociale ?
S. A. : Le financement de la Sécu se fait grâce à un prélèvement sur les salaires. Sur le principe de « qui paie gouverne », l’idée était de permettre aux salariés eux-mêmes d’en assurer la gestion. Avec ce système, différent de celui de l’impôt et qui dote la Sécurité sociale de ressources propres, l’Etat n’est pas censé avoir la main.
L’objectif est ainsi de permettre aux bénéficiaires de faire les choix de gouvernance, de définir les besoins, les priorités. Mais progressivement, le poids de ces cotisations se réduit au profit de l’impôt, tandis que la place des salariés et de leurs représentants dans la gestion diminue.
De quelle manière ce glissement s’est-il opéré ?
S. A. : En assurant ainsi une part de plus en plus importante du financement de la Sécurité sociale, l’Etat peut justifier son intervention et les évolutions permettant une étatisation croissante de l’institution, à l’opposé de ses principes de démocratie sociale. Il est cependant important de rappeler que la contestation de ces principes d’origine remonte à la création de la Sécu.
La Sécurité sociale a donc toujours été attaquée ?
Oui, elle n’est pas le fruit d’un consensus national mais d’un rapport de forces. Sa création, sous la forme que l’on connaît, a été rendue possible parce que le parti communiste et la CGT étaient particulièrement forts en 1945. Depuis, les attaques sont continues et constantes. A chaque fois, elles activent deux leviers : la réduction des droits des usagers et la remise en cause des principes de la démocratie sociale. Avec toujours cette même invocation : la nécessité de « sauver » la Sécu.
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