Santé des femmes : encore trop d’inégalités

Depuis une dizaine d’années, la recherche explore enfin comment le genre influence le diagnostic et la prise en charge de certaines maladies. Il était temps ! Pendant des décennies, les femmes ont été les grandes oubliées de la santé, souvent soignées selon des standards masculins. Si des avancées notables ont été réalisées, les inégalités persistent à toutes les étapes du parcours de soins : prévention, dépistage, diagnostic, traitements… 

Prenons l’exemple de l’infarctus du myocarde. Chez les femmes, les symptômes diffèrent souvent de ceux des hommes, mais ils restent mal connus, y compris par le corps médical. Au travail, les douleurs des femmes sont invisibilisées. Quant aux médicaments, même si les essais thérapeutiques ont l’obligation d’être faits sur les deux sexes, des différences demeurent.

Autre illustration : l’endométriose. Cette maladie, qui touche environ une femme sur dix, met encore en moyenne six à dix ans à être diagnostiquée. Un délai inadmissible, alors qu’il affecte gravement la qualité de vie des patientes.

Heureusement, la société avance. La profession médicale se féminise, les femmes sont davantage actrices de leur santé, elles connaissent, mieux leur corps, osent parler de leurs douleurs… Leurs voix nécessitent d’être entendues dans tout le parcours de soins, et l’accès égalitaire à la santé doit être une priorité des politiques de santé publique.


Chiffres clés

• 62 % contre 49 % : à symptômes identiques à l’arrivée aux urgences, les hommes sont davantage considérés en urgence vitale que les femmes (European Journal of Emergency Medecine).
• 56 % des femmes  victimes d’un infarctus du myocarde en meurent, contre 46 % des hommes (Inserm).
• 15 minutes plus tard que les hommes. C’est le délai supplémentaire que mettent les femmes à appeler les secours en cas de douleurs thoraciques (Inserm).
• 26 % des femmes décrivent leur santé mentale comme mauvaise, contre 14 % des hommes (baromètre Ifop 2024).
• 44 % des patientes ménopausées déclarent ne pas en avoir parlé avec leur médecin traitant (étude Elisa, 2022). 


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© Getty images / Istock photo
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Laurence Rossignol. © Sénat-CL
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