Plus de 39 millions de personnes dans le monde pourraient mourir d’infections résistantes aux antibiotiques d’ici à 2050, selon une étude publiée la semaine dernière dans la revue The Lancet. La lutte contre l’antibiorésistance devient un véritable enjeu de santé publique, car demain, des maladies infectieuses comme la pneumonie ou la tuberculose pourraient devenir impossibles à soigner.
L’antibiorésistance concerne particulièrement les personnes âgées de 70 ans et plus, explique l’enquête parue le 16 septembre dans la revue The Lancet. Les chercheurs se sont penchés sur les données des années 1990 à 2021 et ont constaté que les décès dus à l’antibiorésistance dans cette tranche d’âge avaient bondi de plus de 80 %.
L’antibiorésistance en hausse, partout dans le monde
Le recours systématique aux antibiotiques s’observe depuis plusieurs années et peut avoir des conséquences graves pour la santé humaine. Car plus nous prenons des antibiotiques, plus notre corps résiste aux bactéries. Il développe même des mécanismes génétiques de défense et il s’agit là d’un problème de santé aussi grave que le VIH ou le paludisme, écrivent ces chercheurs.
Les chercheurs ont étudié les données de 520 millions de personnes et ont constaté que, de 1990 à 2021, plus d’un million de personnes par an dans le monde avait succombé directement par antibiorésistance. Majoritairement des personnes âgées de plus de 70 ans, ce qui peut s’expliquer par la plus grande fragilité de ces dernières aux infections, et le vieillissement de la population.
Trouver des solutions
Cependant, il existe des moyens de redresser la barre, expliquent les chercheurs.
Ils pointent notamment le fait que, sur ces trois décennies, les décès d’enfants de moins de cinq ans directement causés par une résistance aux antibiotiques ont chuté de plus de 50 %, grâce à une meilleure prévention des infections chez les plus jeunes.
En France, aujourd’hui, l’antibiorésistance entraîne déjà 5 500 décès par an. Et le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique » est plus que jamais d’actualité. Comment faire bouger les lignes ? En changeant les mentalités aussi bien parmi le grand public que chez les professionnels de santé. Et en incitant ces derniers à prescrire des traitements plus adaptés et moins longs.
Une autre solution serait de développer des vaccins antibactériens, suggère l’Inserm, « La vaccination antibactérienne est une approche efficace pour réduire la circulation de certains pathogènes. Ainsi, le vaccin pneumococcique a largement réduit la fréquence des infections invasives à pneumocoque, comme les pneumonies, les méningites ou les septicémies. »
Car même si l’on découvre de nouveaux médicaments pour lutter contre ces superbactéries, il faut parvenir à baisser la surconsommation des antibiotiques chez l’être humain, mais aussi chez l’animal. En effet, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de la moitié des antibiotiques produits dans le monde sont destinés aux animaux.