Le collectif Fantôme, pour prendre en compte la détresse des étudiants

Elle a été bouleversée par la détresse des étudiants lors des confinements et choquée qu’on ne les écoute pas davantage. Alors Ludivine Maudet, Brestoise, élue mutualiste énergique et motivée, a décidé d’agir. Avec des amies, elle a créé le collectif Fantôme, pour aider les jeunes à recréer du lien social.

Comment est né le collectif Fantôme ?

Lors des différents confinements, j’ai été très marquée par la façon dont les jeunes étaient traités, en particulier les étudiants. Isolés, perdus, surtout les premières et deuxièmes années, ils se retrouvaient hors de tout système. Souvent seuls dans leur chambre ou dans leur petit logement, sans travail, loin de leurs familles, sans lieux de convivialité, avec du matériel vétuste, parfois même, juste leur téléphone pour suivre les cours…

J’avais des retours de jeunes qui disaient qu’ils crevaient la dalle, qu’ils n’y arrivaient plus, beaucoup ont basculé dans la précarité. Ça m’a beaucoup touchée. Il fallait faire quelque chose.

Pour nous, c’était une urgence. Avec des amies, nous avons décidé d’agir et créé le collectif Fantôme, le nom est venu tout de suite. Tout simplement parce que cette catégorie de population l’était. Oubliés, errants, seuls. Au début de la crise sanitaire, on s’est occupé des travailleurs, des productifs, des personnes âgées, c’est normal, mais personne n’a pensé aux jeunes et aux étudiants.

En quoi consiste votre démarche ?

Dans un premier temps, il fallait repérer ceux qui étaient en souffrance, car plus personne n’était dans les facs. L’université de Bretagne occidentale (Ubo) à Brest, la Fédé B (Fédération des associations étudiantes) ont été des partenaires sur lesquels nous nous sommes appuyées, et qui ont la possibilité de porter le projet auprès des étudiants. L’objectif du collectif Fantôme est d’apporter du soutien à ces jeunes, de recréer du lien social, de leur dire qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils peuvent compter sur nous.

Pour cela, nous créons des mini-événements, comme les « cafés papote ». On boit une boisson chaude, on discute, on les écoute, surtout. Ce sont des moments conviviaux qui réchauffent le cœur des étudiants, on l’espère. Nous les aidons à renouer doucement avec la vie normale. Pour l’instant, les rencontres s’organisent à l’extérieur, mais à Brest, il pleut souvent, alors nous sommes à la recherche de salles. Nous organisons également des moments ludiques, des sessions de jeu, des promenades. Nous réfléchissons à la mise en place de différentes activités pour la suite du projet : activités créatives, sportives, car pratiquer de l’exercice physique est essentiel pour se sentir en forme physique et psychique. Les étudiants seront certainement force de proposition en la matière. Nous passons par les réseaux sociaux pour toucher un maximum de personnes.

Que pensez-vous des mesures mises en place récemment pour les étudiants ?

Je suis pour, mais je trouve qu’elles arrivent un peu tard. Au début de la crise, les étudiants et les jeunes avaient besoin qu’on les considère et rien n’a été fait pour eux. Leurs besoins n’ont pas été pris en compte, on les a carrément oubliés.

Heureusement, aujourd’hui, les aides financières et psychologiques arrivent et sont utiles, mais elles ne suffiront pas.