En France, un enfant sur cinq ne mange pas trois repas par jour et plus d’un sur quatre a subi des violences physiques de la part d’autres enfants, selon les résultats alarmants d’une consultation nationale menée par l’Unicef auprès de 20 000 jeunes âgés de 6 à 18 ans, de toutes catégories sociales.
Sur les 20 000 enfants français interrogés par l’Unicef, un cinquième affirme ne pas manger trois repas par jour.
Et, ce n’est pas tout. Selon l’enquête parue le 19 novembre, 16,2% des enfants éprouvent des privations matérielles, 25,7% un manque d’accès à la connaissance, 44,4% un manque d’activités sportives et 66,7% une difficulté d’accès aux activités culturelles.
De plus, 30% ont déclaré avoir été blessés physiquement, frappés ou avoir subi des attouchements non désirés par d’autres enfants, et 13,1% par des adultes.
«Il est urgent de prendre la mesure des privations que subissent ces enfants et ces jeunes. Leur exclusion sociale ne relève pas seulement de manques matériels ; elle est aussi la conséquence de l’insuffisance d’accès à des opportunités d’épanouissement culturel et social, ainsi que de l’absence de reconnaissance dont ils sont souvent victimes ; ils ne peuvent pas grandir dans des conditions satisfaisantes», déclare Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France.
Sentiment d’exclusion
L’exclusion sociale est largement évoquée dans l’étude. 7,3% des enfants déclarent qu’ils ne passent jamais de temps avec des amis en dehors de chez eux et de l’école, 10,9% ne peuvent pas organiser de fête pour leur anniversaire ou un autre événement et 7,1% ne peuvent jamais inviter d’amis là où ils vivent. Au total, 30,6% des jeunes de plus de 13 ans interrogés indiquent qu’il leur est déjà arrivé de penser au suicide, et 6,2% confient avoir subi un rapport sexuel alors qu’ils n’en avaient pas envie, précise l’Unicef.
«Ce rapport met en évidence une dynamique inquiétante de cumul des inégalités. Les enfants qui vivent dans des familles monoparentales ou dans des quartiers défavorisés sont beaucoup plus susceptibles de subir un cumul de privations, de manque de protection et de rejet social, ce qui les place dans une situation d’exclusion durable», analyse Serge Paugam, sociologue qui a piloté l’étude française.
Mettre fin aux violences envers les enfants : un défi
Début novembre, à Bogota, capitale de la Colombie, une centaine de gouvernements ont signé un accord avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef, pour mettre fin aux violences faites aux enfants. Dans ce document, on peut lire que huit pays se sont engagés à rendre illégaux les châtiments corporels (le Burundi, la Gambie, la Tchéquie, le Kirghizistan, le Sri Lanka, le Panama, l’Ouganda, le Tadjikistan et le Nigeria dans les écoles). Les Iles Salomon ont promis de hausser l’âge légal du mariage de 15 à 18 ans.
Il est urgent d’agir car les chiffres sont terribles : selon l’OMS, trois enfants sur cinq subissent régulièrement des sévices physiques chez eux, une fille sur cinq et un garçon sur sept ont déjà vécu des violences sexuelles. La moitié des deux milliards d’enfants vivant sur Terre ont souffert au cours de leur vie de mauvais traitements, auxquels sont imputables 40 150 décès.
A lire aussi, le rapport de l’Unicef sur la situation des enfants dans le monde.