« Le Nutri-Score méritait d’être revisité pour attirer l’attention des consommateurs sur certains aliments »

Les entreprises et marques engagées dans cette démarche volontaire ont deux ans pour mettre à jour leurs emballages et apposer le nouveau Nutri-Score. © 123RF

Le nouveau Nutri-Score a été validé vendredi 13 mars, malgré les critiques de la ministre de l’Agriculture qui craignait de voir les produits du terroir pénalisés. On fait le point avec Chantal Julia, chercheuse en nutrition et membre du comité scientifique international du Nutri-Score.

Le nouveau Nutri-Score a mis du temps a être validé par le gouvernement, pourquoi ?

© Chantal Julia

Chantal Julia : En effet, les nouvelles règles du Nutri-Score ont été fortement critiquées, entre autres par la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Madame Annie Genevard, qui a bloqué la signature de l’arrêté. Elle craignait que les produits du terroir ne soient pénalisés. Elle reprochait au Nutri-Score de donner une mauvaise note à ces produits.

Or, le Nutri-Score ne bannit aucun produit, il rappelle que certains qui sont très gras, très sucrés, très salés, doivent plutôt être consommés en petites quantités et/ou de façon occasionnelle. Finalement, les ministres concernés Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités), Yannick Neuder (Santé, Accès aux soins), Eric Lombard (Economie), Véronique Louwagie (Commerce) et Annie Genevard (Agriculture) ont apposé leur signature sur le document entérinant la nouvelle formule du Nutri-Score, le vendredi 13 mars.

Que propose le nouveau Nutri-Score ?

C. J. : Il propose d’orienter les consommateurs vers les produits plus équilibrés d’un point de vue nutritionnel, et le plus souvent moins transformés. Conçu en 2017, par des spécialistes de la nutrition, le Nutri-Score méritait d’être revisité pour attirer l’attention des consommateurs sur certains aliments.

Danone a décidé de ne plus apposer le Nutri-Score sur ses produits. Car certains de ses yaourts à boire ont été déclassés de C à E en fonction de leur teneur en sucres.

Aujourd’hui, le nouveau mode de calcul permet notamment d’améliorer la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et sucres et celle entre les aliments complets riches en fibres et leurs alternatives raffinées. Il revoit également la classification des poissons gras (sources d’oméga 3), des huiles moins riches en acides gras saturés et des boissons selon leur teneur en sucre. Tout en considérant la présence d’édulcorants. Les entreprises et marques engagées dans cette démarche volontaire ont deux ans pour mettre à jour leurs emballages et apposer le nouveau Nutri-Score.

Pourquoi est-ce un enjeu de santé publique ?

C. J. : C’est un outil qui propose d’éclairer les choix du consommateur et d’encourager une alimentation plus favorable à la santé. Il permet de lutter contre le surpoids, l’obésité et les maladies liées à la nutrition. En aucun cas, cet étiquetage ne dit qu’il ne faut pas consommer tel ou tel produits. Il rappelle que certains sont très gras, très sucrés, très salés.

D’ailleurs, la grande majorité des aliments sont bien classés. On remarque que les gâteaux, la charcuterie, les fromages, ou certaines céréales du petit déjeuner sont classés D et E car gras et/ou sucrés et/ou salés. Il faut juste consommer ces produis en quantité limitée, et de temps en temps, comme le recommandent les autorités de santé.

Certains industriels ont décidé de ne pas apposer le nouveau Nutri-Score ?

C. J. : Oui, Danone, qui a été un des premiers à l’utiliser, s’est désolidarisé et a décidé de ne plus l’apposer sur ses produits. Car certains de ses yaourts à boire ont été déclassés de C à E, en fonction de leur teneur en sucres. Nous le regrettons. Mais plusieurs acteurs économiques de la grande distribution et de la transformation agroalimentaire se sont positionnés en faveur du nouveau système.

Pour une alimentation équilibrée, consultez le site mangerbouger.fr

Conçu par des spécialistes de la nutrition, le Nutri-Score a été mis en place en 2017 sous la houlette de Serge Hercberg, en France, sur la base du volontariat, et dans six autres pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, Luxembourg, Pays-Bas, et Suisse). Cet étiquetage classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels.