Conseil national de la résistance : il y a 80 ans, des résistants imaginaient la Sécu

Mis en place par Jean Moulin, le Conseil national de la résistance (CNR) rassemble les principaux mouvements, syndicats et partis politiques engagés contre l'occupant allemand et le gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

En 1944, alors que la France est encore occupée, le Conseil national de la résistance (CNR) définit un programme politique pour la Libération. Ce manifeste, intitulé « Les Jours heureux », dessine notamment les fondations de notre système de protection sociale.

Seize hommes prennent la pause devant l’objectif en septembre 1944. Au premier coup d’œil, cette photographie apporte très peu d’indices sur leur identité, ni la raison de leur regroupement.

Leurs visages ne sont pas vraiment connus et leurs costumes sobres ne laissent rien deviner de leurs fonctions. Tous les protagonistes présents à l’image sont pourtant des héros de la Résistance.

Organisation clandestine

Représentant chacun l’un des principaux mouvements, syndicats et partis politiques engagés contre l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, ils décident de s’unir au sein d’une organisation commune : le Conseil national de la Résistance. C’est Jean Moulin qui a créé cette union libre et clandestine, dont il sera le président jusqu’à son arrestation par la Gestapo, en juin 1943.

Plus d’un an avant l’arrêt des combats, au début de l’année 1944, le CNR rédige déjà le programme d’une France libérée. Santé, économie, éducation, liberté de la presse, chaque pilier de la démocratie, qu’ils entendent refonder, est abordé dans ce manifeste au titre évocateur : « Les Jours heureux ».

Une société plus juste

L’ambition affichée de leur projet politique est d’instaurer « un ordre social plus juste ». Pour y parvenir, les membres du conseil annoncent la mise en place d’un « plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence ». Ils viennent ainsi de poser les fondations de la Sécu, en définissant son grand principe de solidarité.

A la Libération, de nombreux résistants issus des organisations figurant au conseil intègrent le nouveau gouvernement. La majorité des mesures alors mises en place s’inspire directement du programme du CNR, et d’ailleurs les responsables politiques s’y réfèrent régulièrement. Ainsi, les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 donnent un cadre légal à la Sécurité sociale souhaitée par le CNR.

Le ministre du Travail, Ambroise Croizat, concrétise de la sorte l’une des grandes ambitions des « Jours heureux », en précisant les modalités de son système de redistribution : « cotiser selon ses moyens de recevoir selon ses besoin ».

Les membres du CNR (de gauche à droite) : Jacques Debû-Bridel, Pierre Villon, Gaston Tessier, Robert Chambeiron, Pascal Copeau, Joseph Laniel, Lecomte-Boinet, Georges Bidault (président du CNR), André Mutter, Henri Ribière, Daniel Mayer, Jean-Pierre Lévy, Paul Bastid, Auguste Gillot, Pierre Meunier et Louis Saillant.