
Un mouvement de grande ampleur secoue la médecine libérale en France depuis le 28 avril. Médecins, internes et étudiants s’unissent contre la proposition de loi Garot, qui vise à réguler l’installation des praticiens pour lutter contre les déserts médicaux.
Cabinets médicaux fermés, consultations annulées, manifestations… depuis le lundi 28 avril, une grève d’envergure a été lancée par les médecins libéraux, internes et étudiants en médecine. Selon les syndicats, environ 15 000 internes, soit la moitié des effectifs en France, ont rejoint le mouvement. L’élément déclencheur de cette mobilisation est la proposition de loi Garot. Adopté en première lecture à l’Assemblée nationale début avril, ce texte, porté par le député socialiste Guillaume Garot, vise à réguler l’installation des médecins dans le but de lutter contre les déserts médicaux.
Liberté d’installation
Concrètement, la loi prévoit qu’un jeune praticien ne pourra plus s’installer librement dans une zone déjà suffisamment pourvue en médecins. Sauf à remplacer un confrère qui part à la retraite ou quitte son poste. Le texte stipule : « Il s’agit d’un premier pas dans la régulation de l’installation des médecins sur le territoire qui permettra, à tout le moins, de stopper la progression des inégalités entre territoires. » Cependant, cette régulation est perçue par les médecins comme une atteinte directe à leur liberté d’installation.
Tentatives échouées
Le Premier ministre, en déplacement dans le Cantal vendredi 25 avril, a tenté d’apaiser les tensions. En effet, François Bayrou a proposé une alternative reposant sur l’obligation pour certains médecins de consacrer deux jours par mois à des consultations dans les zones les plus fragiles. Mais cette approche n’a pas convaincu les grévistes.
Le syndicat ReAGJIR (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants) a déposé un préavis de grève nationale illimitée à partir du 28 avril. Le syndicat exige le retrait de ces dispositions. De son côté, le SML (Syndicat des médecins libéraux) a également exprimé son opposition. Il qualifie l’article 1 de la loi de « mortifère pour la santé des concitoyens », arguant qu’il interdirait de nouvelles installations dans des territoires déjà sous-dotés en médecins, ce qui pourrait aggraver la désertification médicale. Le SML apporte également son soutien à la grève illimitée des internes et des externes.
Pendant ce temps-là, la proposition de loi Garot poursuit sa route parlementaire. Elle sera réexaminée à l’Assemblée nationale les 6 et 7 mai prochains.