Chirurgie de l’intime : « Oser en parler »

Le docteur Flore Delaunay est spécialisée en chirurgie plastique et reconstructrice à Saint-Grégoire, près de Rennes (Ille-et-Vilaine). © Flore Delaunay

Quelquefois, l’intimité féminine a besoin d’être réparée. Comment oser en parler ? Comment restaurer ce qui a été blessé et qui engendre des souffrances, comme des cicatrices d’épisiotomie douloureuses ou des déchirures périnéales ? Le docteur Flore Delaunay, chirurgienne plastique à Rennes, livre son expérience pour améliorer le confort quotidien et la vie de ses patientes. 

Qu’est-ce que la chirurgie de l’intime à visée thérapeutique ?

Flore Delaunay : La chirurgie de l’intime à visée thérapeutique a pour but de réparer, de restaurer une morphologie, de la vulve, des grandes et petites lèvres, reconstruire un vagin relâché par le temps ou les grossesses…

Ce n’est pas de l’ordre de l’esthétique ; mes interventions sont de l’ordre du soin. En consultation, je laisse le temps aux patientes d’exprimer leur besoin, leurs douleurs, la façon dont elles sont empêchées dans leur quotidien, leur vie sociale, leur vie intime…

Quand les demandes sont décalées du soin, par exemple, quand on me dit : “Je veux une jolie vulve”, je dis non.

Elles me disent très souvent qu’elles souffrent depuis des années et que c’est la première fois qu’elles osent en parler devant quelqu’un qui les écoute. C’est très important pour moi, de leur laisser ce temps. Qu’elles aillent au-delà du tabou.

Que peut-on réparer ?

F. D. : On peut agir sur des cicatrices d’épisiotomie douloureuses ou des déchirures périnéales. La nymphoplastie, par exemple, permet de réduire des petites lèvres trop proéminentes qui causent douleurs et gênes à vélo, en sport ou dans les vêtements. Parfois, des grandes lèvres atrophiées ne remplissent plus leur rôle protecteur et on peut intervenir. Et les cas sont nombreux suite à une grossesse, à cause d’une puberté perturbée… Mais quand les demandes sont décalées du soin, par exemple, quand on me dit : « Je veux une jolie vulve », je dis non.

Certains soins, comme la nymphoplastie à visée thérapeutique, sont pris en charge par la Sécurité sociale.© 123RF

Il y a donc des solutions ?

F. D. : Bien sûr ! J’explique aux femmes que la douleur n’est pas une fatalité. On a fait de grandes avancées dans cette spécialité, depuis une dizaine d’années avec une palette de thérapies. Par exemple, on parle beaucoup des troubles de la ménopause comme les bouffées de chaleur, la prise de poids, mais rarement de la sécheresse vaginale, qui peut être traitée.

Or elle touche également des jeunes femmes après une chimiothérapie, une hormonothérapie ou même sans cause apparente. Radiofréquence, laser doux, graisse ou acide hyaluronique offrent des traitements efficaces, souvent non invasifs.

On peut agir sur le vaginisme, – ces contractions involontaires qui rendent les rapports impossibles – avec des injections de toxine botulique. La radiofréquence, combinée à la rééducation périnéale, donne également de bons résultats dans les cas de relâchement, d’incontinence ou de prolapsus.

Ces soins sont-ils remboursés ?

F. D. : Certains, oui, comme la nymphoplastie à visée thérapeutique, sont pris en charge par la Sécurité sociale. Sachez que chaque médecin doit présenter un devis à la patiente avant toute intervention ou soin.

Le docteur Delaunay est membre du conseil d’administration de la Société française des chirurgiens esthétiques et plasticiens (SOFCEP).