A l’occasion d’Octobre rose, l’Institut Curie évoque la possibilité de moins recourir aux traitements lourds pour soigner le cancer du sein. Mais dans certains cas seulement. On appelle cette tendance la désescalade thérapeutique.
Car les progrès médicaux permettent, dans certains cas précis, de réduire les traitements en durée ou en quantité. De façon à limiter les séquelles physiques et psychologiques et retrouver au plus vite une bonne qualité de vie.
Moins de traitements lourds
En France, on soigne de mieux en mieux le cancer du sein. Mais parfois, les traitements ont des conséquences désastreuses sur les patientes, qui mettent du temps à s’en relever. Aujourd’hui, grâce à une meilleure personnalisation des traitements, on peut réduire l’arsenal thérapeutique tout en garantissant un bon résultat. Et en même temps amoindrir les séquelles physiques et psychologiques.
Cela concerne surtout les chimiothérapies, dont on réduit le nombre. On pratique également moins de mastectomies. La radiothérapie a aussi progressé : moins de séances pour une même efficacité, parfois au profit d’une petite augmentation des doses. Certains cas ne nécessitent que cinq séances (contre 25 auparavant) pour le même résultat à long terme.
83 % des Français estiment que proposer la désescalade thérapeutique est important pour la qualité de vie des patientes.
Sondage Viavoice pour l’Institut Curie.
Pour qui ?
L’Institut Curie précise que la désescalade thérapeutique ne concerne que quelques cas particuliers. « Des femmes chez qui la tumeur est localisée, ne présentant pas de métastases, ou chez qui le risque de récidive est estimé faible. Cela représente 10 à 15 % des personnes ayant une tumeur localisée », précise le docteur Paul Cottu, oncologue, chef adjoint du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie.
L’apport de l’intelligence artificielle
Grâce à l’intelligence artificielle (IA), qui permet de mieux analyser les tumeurs, on peut proposer un traitement personnalisé et moins lourd. Dès la fin de l’année 2021, à l’Institut Curie, les lames des prélèvements (biopsies ou pièces opératoires) des femmes prises en charge pour un cancer du sein seront numérisées et pourront bénéficier d’une double analyse par des algorithmes d’intelligence artificielle qui travaillent vite, jour et nuit sans discontinuer, et par les médecins spécialistes.
« Ces algorithmes peuvent réaliser une pré-analyse des images. Le regard du pathologiste sera alors guidé vers les zones les plus significatives à examiner, et il pourra valider facilement les indications de l’algorithme et affiner son diagnostic. »
Docteur Anne Vincent-Salomon, cheffe du service de pathologie de l’Institut Curie.
Quant à l’imagerie médicale, elle a fait de gros progrès et permet une analyse plus fine de la tumeur. Beaucoup d’espoirs donc, du côté de la recherche.