Le 22 mars le Fond’Action Entrain, en partenariat avec Mutuelle Entrain, l’association La Santé de la famille et les Mutuelles de France, organisait une conférence autour de l’usage des produits psychotropes en présence d’experts reconnus. Près de 200 personnes y ont assisté.
En ouverture des débats, le Pr Michel Lejoyeux, chef du service d’addictologie à l’hôpital Bichat, a décrypté les processus qui entraînent la dépendance : la rencontre entre une personne, un environnement et un produit. Le professeur se veut rassurant : « Toutefois, la résilience est possible en développant 5 piliers qui permettent une vie équilibrée. » Il les résume sous l’acronyme Perma : Positiver, Engagement, Relations positives, Meaning (trouver du sens) et Achievement (réussite).
Pour Gladys Lutz, chercheuse en psychologie du travail au Conservatoire national des arts et métiers « les addictions se développent en milieu professionnel.
Face à des organisations du travail de plus en plus complexes, des exigences de plus en plus grandes, beaucoup de salariés se dopent pour tenir le coup. Et s’il existe dans les entreprises des dispositifs de prévention, les salariés rechignent à les utiliser afin que leur situation ne s’ébruite pas ».C’est là que le rôle des associations prend son sens, témoigne Michel Taboulet, président de La Santé de la famille, une association forte de 700 bénévoles :
« 80 % de nos militants sont des personnes qui s’en sont sorties et veulent aider les autres.» Mutuelle Entrain a aussi toute sa place dans un dispositif de soutien et d’accompagnement : « La prévention est déjà au coeur des activités de la mutuelle, explique Olivier Téchec, son président. Nous avons souhaité un organisme qui lui est dédié, le Fond’Action Entrain. » Première initiative de ce fonds, la réalisation d’un kit de Prévention des risques liés à la psychotropie, réalisé avec la Santé de la famille et les Mutuelles de France : « Composé de trois outils interactifs – “ Psychotropie, de quoi parle-t-on ? ”, “ L’accrochage ”, et “ Trajectoire du vécu de la personne alcoolique ” –, cet kit est le fruit d’une réflexion de plus de quatre ans, explique Carole Hazé, de la Fmf. Il n’est ni culpabilisant, ni stigmatisant. L’idée est de faire comprendre aux usagers pourquoi ils consomment. »
Comprendre sans juger
« C’est toute la question de la psychotropie, confirme Daniel Bouëtel, de La Santé de la famille. Ce mot n’existe pas dans le dictionnaire, mais il exprime que, en amont de l’addiction il y a du plaisir. Lorsqu’on prend un produit, on se sent mieux. C’est ensuite que la dépendance apparaît. C’est pourquoi les campagnes de prévention qui ne s’intéressent qu’aux conséquences ne fonctionnent pas. » « Nous avons adopté une démarche disruptive comparée aux pratiques habituelles. Elle accorde à l’individu une place centrale », explique Ghislain Corbion, responsable de la prévention à Mutuelle Entrain. « Les personnes
amenées à utiliser nos outils recevront une solide formation ,poursuit- il. L’idée est que le maximum de “ préventeurs ” s’en emparent. » Loïc Capron, médecin national de la Sncf, grand témoin de la matinée, s’engage à faire connaître le kit au sein du réseau médical de l’entreprise.
Le Fond’Action Entrain
Le fonds, dont la création a été dévoilée à l’occasion de cette conférence, vise à coordonner et financer des actions de prévention et des missions d’accès aux soins ou favorisant le lien social. « Avec ce fonds, la mutuelle entend réaffirmer son rôle d’acteur social et privilégier une démarche préventive plutôt que curative », explique Eric Abriol, son président. Le fonds va travailler autour de quatre grands axes : la prévention des risques liés aux addictions, la création d’applications de santé gratuites, la télémédecine et enfin les vacances, en direction des aidants familiaux.