« Ce Plfss est un projet de non-financement de la sécurité sociale. Il s’agit d’une cure d’austérité délibérée à l’encontre de la protection sociale solidaire, dénonce Pascale Vatel, secrétaire générale des Mutuelles de France. C’est une attaque profonde de la Sécurité sociale après des décennies d’assèchement. »
Pour les Mutuelles de France, la Sécurité sociale paye le prix de l’avalanche d’exonérations patronales et sociales qui, cumulées, atteignent un montant de 66 milliards d’euros. D’autre part, elles dénoncent la non-compensation par l’Etat des exonérations qui pénalisent la Sécurité sociale : « On fait payer à la Sécurité sociale des choix politiques qui prônent le dogme de la réduction du coût du travail et du déficit public et social. Elle est en train de devenir la variable d’ajustement du budget de l’Etat. »
La non-compensation des mesures d’urgences sociales prises a fait replonger les comptes de l’assurance-maladie et du Fonds de solidarité vieillesse dans le rouge à hauteur de 5,5 milliards d’euros pour 2020, 5,1 milliards d’euros en 2021. L’équilibre n’est annoncé que pour 2023. « Ce trou de la Sécurité sociale mécaniquement mis en place ne représente finalement que 0,2 % du Pib. Il pourrait être comblé rapidement. Ne pas le faire, c’est justifier l’austérité », estime la secrétaire générale.
Pour les Mutuelles de France, un Ondam fixé à 2,3 %, c’est « brutaliser » la branche maladie et un système de santé déjà à bout de souffle. Pour satisfaire l’évolution tendancielle des dépenses de santé, il faudrait 9 milliards d’euros. Avec un tel Ondam, il manque 4,2 milliards d’euros.
De son côté, la Mutualité française a exprimé un vote défavorable sur le Plfss 2020, estimant qu’il s’agissait d’un texte de renoncement à l’équilibre des comptes sociaux. Selon elle, le texte « ne respecte pas les efforts demandés depuis plusieurs années aux assurés sociaux, aux adhérents, aux organismes complémentaires et aux établissements sanitaires et sociaux ».
« La Mutualité française reste attachée, et c’est bien l’esprit de la création de la Lfss, à l’autonomie du budget de la protection sociale. Or, ce Plfss est un renoncement à l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale. Alors que notre système de santé craque de toute part, ce texte ne donne pas les moyens nécessaires à sa transformation et ignore l’urgence », estime Thierry Beaudet, président de la Mutualité française.