L’édition 2020 de l’enquête d’opinion annuelle de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) montre que les Français sont davantage préoccupés par leur santé et attachés à leur modèle social. Une tendance que la pandémie a accentuée.
Les Français sont attachés à leur système de protection sociale. Ce sentiment s’est encore renforcé en 2020, dans un contexte de crise sanitaire et sociale liée à la pandémie de Covid 19. C’est ce que révèle le rapport de l’enquête d’opinion annuelle publiée en mai 2022 et réalisée par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) depuis 2000. Cette étude a été menée auprès de 4 000 personnes environ résidant en France métropolitaine. « L’objectif est d’obtenir chaque année une photographie de l’opinion des Français à propos de leurs perceptions des politiques sociales et familiales » , décrit Claudine Pirus de la Drees, co-autrice du rapport.
les Français sont davantage préoccupés par leur santé
D’abord notons que fin 2020, en pleine épidémie, les Français sont davantage préoccupés par leur santé que les années précédentes. Quand bien même, 76% se déclarent en bonne santé. Et 47 % se disent inquiets à l’idée de ne pas pouvoir être bien soignés s’ils devaient faire face à un gros problème de santé. Cette inquiétude grimpe à 53% quand la même question concerne la période du confinement. Déjà, depuis quelques années, les Français sont plus nombreux à estimer que leur santé s’est dégradée : 56 % en 2020, contre 43 % en 2019 ou 38% en 2010.
Préoccupation majeure des Français
« La santé est une préoccupation majeure des Français, analyse Claudine Pirus. Nous sommes face à des épidémies, pas seulement le covid d’ailleurs. Et l’espérance de vie s’allonge. Les Français aspirent à vivre mieux, plus longtemps. Avec leurs problèmes de santé ».
C’est pourquoi 77 % des personnes interrogées fin 2020 estiment qu’il est normal de dépenser plus pour la santé. Contre 73 % en 2019 ou 55 % en 2013. Et 72 % qu’il n’y a pas de raison de limiter les dépenses de santé. Car la santé n’a pas de prix. Et 64 % pensent qu’il est plus important de maintenir les prestations et remboursements d’assurance maladie au niveau actuel que de réduire le déficit de la Sécurité sociale. Ce dernier taux ne fait que croître ces dernières années.
Satisfaction accrue à l’égard des soins
Autre tendance observée : la hausse concernant leur satisfaction à l’égard des soins prodigués et des personnels. Alors qu’elle avait chuté en 2018 et 2019. Cela concerne en particulier les services d’urgence (de 46 % en 2019 à 54 % en 2020). Et les infirmiers, dont le rôle a été mis en lumière pendant la crise. Ainsi, fin 2020, neuf personnes sur dix se disent satisfaites des soins procurés par les infirmiers. Soit +5 points par rapport à 2019. Et plus du tiers pensent qu’il n’y en a pas assez, soit dix points de plus. Finalement, 80 % des personnes interrogées pensent que le système de Sécurité sociale pourrait servir de modèle à d’autres pays.
Un coût jugé excessif par les plus favorisés
Les Français sont satisfaits de leur modèle social et de leur personnel de santé. Ils acceptent des dépenses importantes en matière de santé. Mais… ils trouvent que le système de sécurité sociale coûte trop cher (61 % contre 56 en 2019). Et ce, tout particulièrement dans les classes sociales les plus favorisées. « Dans un contexte de crise, on remarque que les personnes aisées ont une vision plus libérale de l’intervention de l’état sur le système de protection sociale. Elles trouvent que son financement est excessif. Elles ne sont pas pour un système universel mais réservés aux cotisants », décrypte Mme Pirus.
Modèle social français
A l’opposé, les Français modestes attendent davantage du modèle social français. A l’exemple des familles monoparentales, des jeunes, des ouvriers, et des personnes qui ont vu leur situation financière se dégrader. « Ils souhaitent préserver l’État providence et défendre ce système d’assurance maladie universelle, pointe-t-elle. Selon elle, cette opposition s’explique certainement « par une méconnaissance des mécanismes de redistribution – on en parle peu finalement – et de la réalité du vécu des plus modestes ». Elle relativise néanmoins : « La majorité des Français sont attachés au système de protection sociale ».
Toutes les données de cette enquête d’opinion annuelle mais aussi un outil de datavisualisation sont disponibles en ligne : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/un-attachement-accru-des-francais-au-modele
Alexandra Luthereau