
Alors que les inégalités d’accès aux soins se creusent davantage chaque année en France, le monde mutualiste apporte sa pierre à l’édifice pour lutter contre les déserts médicaux. Comment ? En ouvrant des centres de santé, comme celui d’Oxance, à Romans-sur-Isère dans la Drôme (26).
En France, environ 6 millions de personnes n’ont pas de médecin traitant. Et le département de la Drôme (26), qui recense un peu plus de 500 000 habitants, n’est pas épargné. « On compte en moyenne 1,3 médecin traitant pour 1 000 habitants dans le département », note Carole Hazé, présidente des mutuelles de France. Une situation tendue pour les Drômois, qui finissent par renoncer à se soigner, faute de soignants. « La santé est un droit pour tous, un droit universel, car personne ne choisit de tomber malade », rappelle-t-elle pourtant avec justesse. Mais comment répondre aux besoins de la population, quand le manque d’attractivité de certains territoires et la pénurie de soignants formés, rendent l’équation presque impossible à résoudre ?
Les centres de santé mutualistes, une réponse qui fonctionne
L’équation est certes difficile à résoudre, mais pas impossible. Dans la Drôme, elle s’est notamment résolue par l’ouverture d’un centre de santé médical et dentaire. Un centre mutualiste Oxance, qui fait la fierté de Jacques Seguin, son président. Le soir de son inauguration, le 12 juin dernier, il se félicitait de l’aboutissement de ce projet, qui aura coûté près de 3 millions d’euros. « La santé est un bien commun, a-t-il rappelé. Et pour répondre aux inégalités fortes et persistances, nous avons choisi de travailler sur ce projet de centre de santé. Il s’agit d’un véritable engagement pour un accès à la santé pour toutes et tous, un droit pour lequel nous œuvrons quotidiennement. »

Plusieurs professionnels de santé réunis dans un même lieu
Au sein du bâtiment situé 3 rue du Capitaine Bozambo, à Romans-sur-Isère, le centre de santé médical et dentaire s’étend sur plusieurs étages et sur 1 000 mètres carrés au total. Né en 2019 du rapprochement de plusieurs groupements mutualistes des mutuelles de France assurant des activités dites « de livre III », le réseau Oxance gère aujourd’hui près de 130 établissements et services mutualistes dans les domaines de la santé, du médico-social, de l’optique et de l’audioprothèse.
Ce nouveau centre vient donc s’ajouter aux précédents. Il comptera à terme trois médecins généralistes (en cours de recrutement), cinq chirurgiens-dentistes, une sage-femme, un cabinet de soins infirmiers comptant trois infirmières et un kinésithérapeute. « Les trois médecins généralistes sont attendus dans les prochaines semaines », assure Jacques Seguin.
Nous faisons le choix de rendre la santé accessible au plus grand nombre, mais aussi de faciliter la barrière financière des soins.
Carole Hazé, présidente de la Fédération des mutuelles de France
Pour Carole Hazé, l’établissement apporte une réponse à tous ceux qui avaient renoncé à se soigner, faute de moyens. « Dans ce centre, à partir du moment où vous avez une couverture Sécurité sociale et mutuelle, vous n’aurez pas le moindre euro à avancer pour vous soigner. Nous faisons le choix de rendre la santé accessible au plus grand nombre, mais aussi de faciliter la barrière financière des soins. » La recherche de profit n’est donc pas le moteur de ce type d’établissement, qui fonctionne au contraire sur un mode de gestion non lucratif. « Encore une fois, cela répond à une logique du droit à la santé pour tous, quelle que soit son origine, ses moyens…», ajoute-t-elle.
Un modèle de soins qui fonctionne
En plus de cette absence d’avance pécuniaire, les patients disposent aussi de praticiens qui se concentrent uniquement sur leurs soins. « Nous avons des assistants médicaux qui déchargent les spécialistes de certains gestes simples et des secrétaires qui s’occupent de l’aspect administratif », rappelle le président d’Oxance. « Cela permet au médecin d’être complètement voué, pendant son temps de consultation, à son patient. »

Et la formule semble fonctionner. Un baromètre publié en février 2024 par la Mutualité Française rapporte que « plus de neuf patients sur dix sont satisfaits de leur expérience en centre de santé mutualiste. » Cette enquête de satisfaction réalisée pour la dixième année consécutive auprès de plus de 20 000 patients de centres de santé mutualistes, rapporte d’autres chiffres.
92 % des patients plébiscitent le professionnalisme des équipes soignantes, leur sens de l’écoute et la qualité des informations et des explications médicales reçues. 95 % des patients interrogés jugent les conditions d’hygiène et de sécurité optimales. Et 74 % recommandent les centres de santé mutualistes quand il faut aller consulter un médecin. Une véritable reconnaissance pour ces établissements, qui sont aujourd’hui 577 à répondre aux besoins de santé d’environ 2 millions de patients en France, au quotidien.
Sihem Boultif