La méditation, c’est bon pour le cerveau

Le professeur Steven Laureys est un neurologue mondialement connu qui dirige le centre du cerveau au CHU de Liège. Après une rencontre avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard, il invite celui-ci dans son laboratoire pour tenter d’évaluer les effets de la méditation sur le cerveau. De ses expérimentations, il a tiré des enseignements qu’il nous dévoile dans un livre passionnant, publié aux éditions Odile Jacob.

Quand vous rencontrez le professeur Steven Laureys, il n’est pas seul. Le neurologue se promène avec une maquette 3 D du cerveau de Matthieu Ricard qu’il pose sur la table. Grâce à elle, il pourra vous indiquer les zones du cerveau activées par la méditation, une discipline dont il étudie les effets sur la conscience.

A l’origine, Steven Laureys était loin d’être un convaincu : «J’ai suivi une formation de médecin et d’homme de sciences classiques. Pendant mes études, j’ai appris beaucoup de choses sur le corps humain, sur le cerveau, sur les maladies et sur les thérapies pour les guérir ou les affronter. Plus tard je me suis concentré sur l’état de conscience humaine avec mon équipe de chercheurs. J’ai travaillé sur l’anesthésie, l’hypnose. Le cerveau abimé ou inconscient des patients comateux est devenu ma spécialité».

La méditation, le neurologue en avait bien entendu parler mais il était sceptique : « Je pensais qu’il s’agissait d’un phénomène de mode»… 

Lors d’une conférence, le neurologue rencontre Matthieu Ricard. La sympathie est immédiate et celui-ci décide d’inviter le moine à Liège afin que son équipe puisse étudier son cerveau et les effets le la méditation sur celui-ci.

Matthieu Ricard va être équipé de 250 capteurs et l’activité électrique de son cerveau mesurée au moyen d’un EEG.

Bon pour la santé

Celui ci va montrer que différentes zones du cerveau peuvent être mobilisées, activées, en fonction du type d’exercices de méditation pratiqués. Les enseignements que le neurologue développe dans son livre sont nombreux et convergent pour montrer tout l’intérêt d’une telle pratique en particulier en matière de santé. Certes le moine bouddhiste est un véritable athlète de l’esprit : « il n’en reste pas moins que :

«tout un chacun peut entraîner son cerveau et en retirer des bénéfices extrêmement importants en matière de santé».

La méditation est un outil qui permet de choisir sciemment de rester calme et de maitriser le flux perpétuel de nos pensées. Elle peut offrir une solution aux problèmes tels que le stress et les maladies liées au stress, l’anxiété, les difficultés émotionelles, les troubles de la concentration, la dépression et le burn out l’insomnie, les douleurs chroniques, les désordres liés au système immunitaire, les maladies cardios-vasculaires, le manque de bin être…

Le cerveau est plastique

Si le cerveau n’est pas un muscle, il est cependant « plastique ». Voilà 20 ans, un quasi dogme des neuros sciences voulait que le cerveau contienne tous ses neurones à la naissance et que leur nombre ne soit pas modifié par les expériences vécues. A présent on parle de neuroplasticité, terme qui rend compte du fait que notre cerveau évolue continuellement en fonction de nos expériences et fabrique de nouveaux neurones tout au long de la vie. Il peut, en particulier, être profondément modifié à la suite d’un entrainement spécifique comme l’apprentissage d’un instrument ou d’un sport mais aussi la pratique de la méditation dont on voit les traces dans la matière grise et blanche du cerveau.

Le sport de l’esprit

«Je ne suis ni sociologue ni anthropologue il est donc difficile d’expliquer pourquoi dans notre culture occidentale l’entrainement physique est si répandu alors qu’il existe tant de tabous et d’incrédulité en ce qui concerne l’entrainement de l’esprit», s’interroge Steven Laureys.

L’idéal serait de pratiquer à raison de 20 minutes régulièrement. Mais «on fait surtout ce qu’on peut», il ne faut pas se mettre la pression.