La prestigieuse revue scientifique The Lancet a remis en cause l’étude sur l’hydroxychloroquine parue en mai dans ses colonnes, reconnaissant qu’elle aurait été mal menée.
Décidément, l’hydroxychloroquine ne cesse de faire parler d’elle durant cette crise sanitaire du coronavirus. Dernier rebond en date, l’enquête parue dans la prestigieuse revue The Lancet prouvant une augmentation de la mortalité chez les malades. Après analyse des données, l’étude a été remise en cause par The Lancet ainsi que par le journal New England Journal of Medicine (Nejm), créant une petite révolution dans le landerneau de la recherche médicale.
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a décidé de reprendre ses essais sur l’hydroxychloroquine comme traitement potentiel contre le Covid-19. Ces travaux avaient été suspendus à titre de précaution après la publication de l’article de The Lancet. « Nous sommes maintenant assez confiants quant au fait de ne pas avoir constaté de différences dans la mortalité », a déclaré Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l’Oms.
L’essai européen Discovery, arrêté également après l’annonce de l’étude, a été repris.
Olivier Véran, ministre de la Santé a, quant à lui, demandé à The Lancet des éclaircissements au sujet de l’étude.
L’étude qui a mis le feu aux poudres
Comment l’histoire a-t-elle commencé ? Fin mai, la société privée Surgisphere (propriété d’un des auteurs de l’article du Lancet, Sapan Desai) faisait paraître dans The Lancet des résultats sur l’hydroxychloroquine. Résultats clairement négatifs, montrant une augmentation de la mortalité, ainsi que l’augmentation des troubles cardiaques chez les malades a qui on avait administré le traitement. Ce qui semblait mettre fin aux nombreuses polémiques en cours sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine pour lutter contre le coronavirus. Mais, début juin, retournement de situation, la revue The Lancet, décide de remettre en cause cette vaste étude dans ses colonnes.
Pourquoi ?
Après analyses, le fond du problème de ce cette vaste étude est l’opacité des données : 96 000 dossiers médicaux collectés dans plus de 600 hôpitaux dans le monde, et qui, après contrôle, ne sont pas accessibles publiquement. Elles ne peuvent donc pas être vérifiées par d’autres chercheurs qui reprochent également aux auteurs d’avoir été trop vite dans l’interprétation des résultats et au Lancet de les avoir publiés trop tôt.
Beaucoup de scientifiques reprochent au LAncet d’avoir publié trop vite. Une course contre la montre qui mine la recherche.
Conséquence ? Un imbroglio scientifique qui ajoute à la confusion en ces temps de crise sanitaire. Mais cette affaire souligne également le besoin de transparence dans la recherche, où les données de base et les résultats devraient être accessibles et facilement vérifiables pour éviter ce genre de controverses. Elle souligne aussi le besoin d’indépendance indispensable à la recherche.