En quatorze ans, sous l’impact de la « fast fashion », la production mondiale de vêtements a doublé. Pour atténuer l’impact environnemental de ce phénomène, une proposition de loi a fait son entrée au Parlement en mars 2024. En tant que consommateurs, de quels outils disposons-nous pour lutter contre cette mode dite « jetable » ?
Serait-ce le premier pas concret vers une prise de conscience globale ? En mars 2024, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture et à l’unanimité une proposition de loi « visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile ». C’est la députée Anne-Cécile Violland qui a déposé le texte.
Il prévoit notamment quatre mesures fortes : « l’introduction d’une définition, la sensibilisation des consommateurs, la création d’un malus écologique et l’interdiction de la publicité » à partir du 1er janvier 2025. Mais en supplément de cet arsenal législatif, il est urgent d’agir. Voici quelques pistes.
Consommer moins
D’après une étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe), 10 000 à 20 000 tonnes de textiles neufs et invendus sont jetées chaque année en France. Réduire sa consommation en la matière est un moyen très simple de lutter contre cette industrie polluante.
Louer ses vêtements, les transformer ou les raccommoder les éloignent également de la poubelle. À ce titre, depuis 2023, l’Etat propose une aide financière pour faire repriser ses vêtements et ses chaussures dans le cadre de la loi antigaspillage pour une économie circulaire.
Au moment d’acheter, prenez aussi le temps de vous demander si vous avez besoin de ce T-shirt. Quand on sait qu’on porte en moyenne 30 % de notre garde-robe, la réponse est sûrement dans la question.
Choisir des marques éthiques
Conscientes de l’impact néfaste de l’industrie de l’habillement sur l’environnement, des marques s’engagent dans l’écoresponsabilité. Elles proposent des vêtements conçus à l’aide de fibres naturelles dans des conditions de travail dignes. Pour vous aider à vous y retrouver, il existe des labels.
GOTS, pour « Global Organic Textile Standard », indique la présence d’au moins 95 % de fibres biologiques dans le vêtement. De son côté, Oeko-Tex 100 assure l’absence de substances dangereuses pour la santé ou pour la peau. A l’image de RWS, pour « Responsible Wool Standard », d’autres labels s’engagent à respecter le bien-être animal.
Ici, RWS est une « norme mondiale volontaire qui vise le bien-être des moutons et le respect des pâturages », comme le précise l’Union des Industries Textiles, qui représente les 2 200 entreprises exerçant une activité textile en France.
Vérifier le lieu de fabrication
Sur les étiquettes, tâchez aussi de vérifier le lieu de fabrication. Chine et Bangladesh riment souvent avec exploitation humaine. En 2022, un documentaire britannique avait révélé que le géant chinois Shein rémunérait sa main d’œuvre l’équivalent de 4 centimes d’euros par pièce pour des journées de 18 heures de travail.
Confrontés à des produits toxiques au quotidiens, les travailleurs opèrent sans protection et travaillent souvent sans contrat de travail et sans aucun jour de congé. D’après l’association Les Amis de la terre, en 2023, l’enseigne proposait simultanément 470 000 modèles à la vente sur son site internet, soit une moyenne de 7 200 modèles ajoutés chaque jour.
Être vigilants sur le choix des matières
Pour réduire l’impact environnemental de nos vêtements et se prémunir de leurs effets néfastes sur notre santé, le choix de leurs matières est essentiel. Les fibres synthétiques sont à bannir. Mieux vaut privilégier les matières naturelles comme le lin et le chanvre, qui n’ont pas besoin de système d’irrigation pour pousser.
Produit sans pesticides, sans insecticides ou engrais chimiques et sans OGM, le coton biologique est aussi à favoriser. Mais attention à son cousin, non biologique, dont la confection nécessite des milliers de litres d’eau. Pour les articles de maroquinerie, vous pouvez vous tourner vers le piñatex, une matière élaborée à partir des déchets engendrés par la culture de l’ananas.
Acheter en seconde main
La seconde main est un autre moyen de s’habiller de façon éthique. D’après les derniers chiffres publiés par l’Ademe en janvier 2023, 54 % des personnes interrogées ont déclaré que cette « pratique s’inscrivait dans la norme ». Les ressourceries regorgent de pièces uniques et originales à bas coût. À ce titre, les sites Leboncoin et Vinted dominent le marché. Attention, toutefois, à ne pas tomber dans le piège de la surconsommation face aux pris alléchants.