Colère généralisée face à l’austérité annoncée pour le budget

Le 15 juillet 2025, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a présenté un plan d’austérité visant à réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies. © 123 RF
Le 15 juillet 2025, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a présenté un plan d’austérité visant à réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies. © 123RF

Le plan budgétaire présenté par François Bayrou suscite une levée de boucliers. Opposition, syndicats, associations et mutuelles dénoncent une politique injuste, qui pourrait creuser encore les inégalités, alors que la pauvreté atteint des seuils inédits.

Au lendemain des annonces budgétaires de François Bayrou, les critiques fusent de toutes parts. Le 15 juillet 2025, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a présenté un plan d’austérité visant à réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies. Parmi les mesures phares figure une « année blanche » en 2026 : les dépenses publiques seraient gelées, sans tenir compte de l’inflation. Autrement dit, même si les prix augmentent, le gouvernement s’en tiendrait à un budget équivalent à celui de cette année.

« Année noire »

Les partis d’opposition n’ont pas tardé à réagir, dénonçant un plan jugé beaucoup trop rigoureux. Et même au sein de la majorité présidentielle, certaines voix se sont élevées pour critiquer cette orientation. Du côté des syndicats, la riposte a été immédiate. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a fustigé une « année noire pour les travailleuses et les travailleurs, pour les services publics ». Le 17 juillet, elle appelait à la mobilisation contre ce qu’elle considère comme un « choix politique d’austérité », à rebours des besoins sociaux.

L’alerte des associations

Les associations ne sont pas restées silencieuses. Le collectif Alerte, qui regroupe les principales organisations de lutte contre la pauvreté, a exprimé sa « profonde inquiétude » après une rencontre avec le Premier ministre le 3 juillet. Elles dénoncent un manque de vision d’ensemble et l’absence de stratégie pour réduire durablement la pauvreté. Dans un courrier adressé à Matignon, elles pointent le risque de faire peser les économies budgétaires sur celles et ceux qui ont déjà trop peu pour boucler leurs fins de mois.

Des niveaux inédits de pauvreté

Ces alertes font écho aux derniers chiffres publiés par l’Insee. En 2023, 650 000 personnes ont basculé dans la pauvreté, et les inégalités ont atteint des niveaux inédits. « Les réductions budgétaires à l’aveugle, la stigmatisation des plus fragiles, les pressions sur l’inconditionnalité et la continuité de l’accueil, ainsi que sur l’accompagnement vers l’emploi, les tentatives de reprise en main bureaucratique pèsent lourdement. (…) Ce que nous demandons : des réponses aux dysfonctionnements des politiques publiques qui nourrissent la précarité », alerte Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), lors de cette même rencontre.

« Une politique injuste et inégalitaire »

Le mouvement mutualiste a lui aussi tiré la sonnette d’alarme. Dans un communiqué, la Fédération des mutuelles de France (FMF) souligne que ce sont les ménages, en particulier les plus fragiles, qui supporteront l’essentiel de l’ajustement budgétaire. Elle dénonce « une politique injuste et inégalitaire, qui affaiblit la Sécurité sociale et accentue la charge portée par les assurés et les complémentaires santé. Menaçant ainsi le droit effectif à la santé pour toutes et tous. »

PLFSS

L’examen du budget 2026 débutera le 14 octobre prochain, avec la première partie du projet de loi de finances (PLF). Il se poursuivra avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Menaces de censure

Plusieurs représentants politiques menacent déjà de déposer une motion de censure. Grâce à ce levier, le Parlement peut exprimer sa désapprobation face à la politique du gouvernement. Et potentiellement le contraindre à démissionner.