Claude Fournel, trésorier de la MSP, est une personnalité atypique en tous points. C’est après une carrière éclectique dans le secteur privé et un passage par le syndicalisme qu’il rejoint le mouvement mutualiste.
Imaginez un grand gaillard, costaud et large d’épaules. Tout de gris vêtu, des cheveux blancs, un visage buriné et une voix forte à l’accent alsacien prononcé. Imaginez encore cet homme de 76 ans et ajoutez quelques détails inattendus. A chaque oreille, un brillant à l’éclat de diamant. Autour du cou, un grand médaillon représentant l’arbre de vie. Deux bracelets à chaque poignet, quelques bagues autour des doigts et des ongles longs, taillés comme des griffes et recouverts de vernis nacré.
Bienvenue dans l’univers déroutant de Claude Fournel. « A mon âge, je fais ce que je veux ! » lance-t-il dans un rire franc. « Je n’ai rien à cacher, ça fait partie du bonhomme », poursuit-il quand on lui demande s’il est d’accord pour que l’on évoque toutes ses particularités. Sans aucune difficulté, cet homme à part continue à distiller de multiples surprises et paradoxes.
L’un d’eux, et pas des moindres, est d’avoir fait toute sa carrière dans le secteur privé et d’être aujourd’hui le trésorier de la Mutuelle des services publics (MSP). Son parcours singulier et pluriel, marqué par l’engagement social et une curiosité insatiable, l’a conduit jusqu’à la mutuelle.
Rêve aérien
A 17 ans, à Mulhouse où il est né, un CAP d’électricien en poche, Claude Fournel s’engage dans l’aéronavale. Son but est de voler, piloter des avions. Mais son niveau d’études n’étant pas suffisant, il est d’abord chargé de la maintenance technique des appareils à bord des porte-avions. Puis la médecine décide de s’en mêler : son coeur bat trop vite, affirment les tests. Fragilité cardiaque. Il est réformé au bout de deux ans, et le rêve aérien s’éloigne.
Près de soixante ans ont passé depuis lors. Et le diagnostic en est heureusement resté au stade d’hypothèse et n’a jamais entravé la vie de Claude. Après l’armée, il enchaîne les boulots et devient expert en électrotechnique. En tout, il aura connu une vingtaine d’entreprises, améliorant sans cesse son savoir-faire au fil des évolutions technologiques.
En 1976, il débarque en Provence. L’année suivante, il est embauché chez Canon, où il restera vingt-cinq ans. Dans cette entreprise, il est chargé de la gestion électronique de documents sur tout le Sud-Est, et sera également syndicaliste CGT ainsi que délégué du personnel.
Eveiller les vocations à travers la MSP
Retraité depuis 2006, il vit près de Salon-de-Provence avec son épouse. Ils ont un fils de 49 ans. A l’issue de sa carrière, sa mutuelle d’entreprise devenant trop coûteuse, Claude en cherche une nouvelle et opte pour la Mutuelle Rhôn’Alpilles. Il en devient rapidement un des administrateurs, puis il conserve cette fonction lorsqu’elle fusionne avec la MSP.
Son attachement sans faille aux valeurs mutualistes fait qu’il occupe à présent le poste de trésorier. « On ne peut pas se passer de mutuelle, ça nous permet encore une certaine idée de la liberté », précise-t-il.
Mais il est inquiet pour l’avenir. Les choix politiques actuels menacent le système mutualiste et l’engagement devient rare chez les jeunes. « Il faut foncer, toujours apprendre, découvrir et s’investir. Peut-être qu’un parcours comme le mien éveillera des vocations ! » conclut-il avec optimisme.
JAN-CYRIL SALEMI