
Dans les sociétés où la croissance et les profits sont rois, les personnes subissent une véritable pression au travail qui peut altérer leur santé mentale. Conséquence ? Une épidémie de burn-out dans le monde, d’après un rapport de l’ONU présenté le 24 octobre à New York.
Dans son étude intitulée « L’économie du burn-out », Olivier De Schutter, rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté à l’Organisation des nations unies (ONU) estime que les problèmes de santé mentale font « perdre des milliards de dollars par an à l’économie ». La faute est attribuée aux sociétés modernes, mondialisées, « obsédées » par la croissance économique.
Les travailleurs pauvres sont les plus touchés
Le nombre de plus en plus élevé de cas de burn-out touche surtout les classes les plus défavorisées, note le rapport de l’ONU. La précarité étant souvent source et conséquence de troubles mentaux. Mais le document pointe surtout l’impact de nos sociétés modernes compétitives, qui acculent les pauvres, les soumettant à une plus grande charge mentale : multiplication de petits jobs, horaires décalés ou de nuit, contrats précaires…
Les travailleurs et travailleuses ne parviennent pas à répondre aux attentes irréalistes de ce que signifie vivre une vie productive.
Olivier De Schutter
« La mode est à la promotion de sociétés obsédées par la croissance, qui se caractérisent par un climat de compétition et de course à la performance, entraînant un sentiment d’anxiété liée au statut et poussant à la dépression les travailleurs et travailleuses qui ne parviennent pas à répondre aux attentes irréalistes de ce que signifie vivre une vie productive », écrit Olivier De Schutter.

DR Rapport de l’ONU.
« Sortir de ces engrenages »
« Il est cependant possible de sortir de ces engrenages, a estimé le rapporteur de l’ONU, à condition d’accorder une plus grande place au bien-être qu’à la quête sans fin de croissance économique. » Actuellement, les gouvernements en place misent davantage sur le curatif : traitements médicamenteux, hospitalisations… alors qu’il faudrait tendre vers plus de prévention des troubles mentaux.
« Nous devons aller au-delà d’un simple soutien médical à ceux qui font face à la dépression, à l’anxiété », a déclaré Olivier De Schutter, refusant de seulement « traiter les symptômes ».
En 2021, seuls 3 % du total des dépenses de santé dans les pays à revenu élevé (dont la France) et 13 % dans les pays à faible revenu étaient consacrés à la prévention, relève le rapport.
Pour « rompre les cercles vicieux », Olivier De Schutter appelle notamment à lutter contre les inégalités, à une meilleure prise en compte des risques psychosociaux au travail, en allouant plus de crédits, ainsi qu’à la mise en place d’un « revenu de base inconditionnel ».